Procès de Monique Olivier : "C'est une menteuse pathologique, elle a toujours été victime de tout le monde"

Publié le 29 novembre 2023 à 20h40

Source : TF1 Info

Monique Fourniret, 75 ans, comparait depuis mardi devant la cour d'assises des Hauts-de-Seine pour complicité dans l'enlèvement d’Estelle Mouzin, 9 ans, en 2003, et pour complicité dans l'enlèvement, le viol et le meurtre de Marie-Angèle Domèce en 1988 et de Joanna Parrish en 1990.
Ce mercredi, Francis Nachbar, ancien procureur de la cour d’assises de Charleville-Mézières était entendu.

Il a été auditionné pendant près de quatre heures et rien ne lui a été épargné. Ce mercredi, au procès de Monique Fourniret jugée devant la cour d’assises des Hauts-de-Seine pour complicité dans l'enlèvement d’Estelle Mouzin, 9 ans, en 2003, et pour complicité dans l'enlèvement, le viol et le meurtre de Marie-Angèle Domèce en 1988 et de Joanna Parrish en 1990, l’ancien procureur de la cour d’assises de Charleville-Mézières, Francis Nachbar, a dû s’expliquer. 

Pourquoi Monique Olivier a-t-elle porté plainte contre lui en 2005 après être passée aux aveux ? Pourquoi s’est-elle rétractée un an plus tard ? Pourquoi les dossiers Parrish, Domèce et Mouzin ont-ils été disjoints des autres alors que Michel Fourniret, lui-même, avait demandé la jonction de ces trois affaires  ?

"Vous imaginez un procureur français frapper quelqu'un?"

Veste grise, cravate, chemise bleu, Francis Nachbar à la barre s’est défendu, à quelques mètres de l’accusée, attentive. Le magistrat est d’abord revenu sur les aveux de celle-ci, le 14 février 2005, quand elle a mis en cause son ex-mari Michel Fourniret pour les enlèvements, viols et meurtres de Marie-Angèle Domèce et Joanna Parrish. Un interrogatoire de 11 heures en Belgique, avec des enquêteurs belges, lui-même, et un commissaire français, au cours duquel la femme de Michel Fourniret "pousse des cris, des grognements", et s’offre de "longs silences", avant de livrer des détails sordides sur deux enlèvements, viols et meurtres de jeunes femmes qui seront identifiées comme Marie-Angèle Domèce et Joanna Parish. 

Quatre jours après ces aveux, Monique Olivier porte plainte contre le procureur soutenant qu’elle a été contrainte à parler. Selon elle, Francis Nachar lui a porté "des coups dans les oreilles", "des gifles" et "des coups dans le sternum". "Moi j'ai jamais frappé personne de ma vie y compris dans ma vie personnelle. Vous imaginez un procureur français frapper quelqu'un devant des enquêteurs belges ?" ironise l’ancien procureur face à la cour avant d’ajouter : "Monique Olivier est une menteuse pathologique et elle se victimise. Elle a toujours été victime de tout le monde."

"Des rétractations, il y a en a eu d'autres!"

La plainte est classée sans suite. Un an plus tard, en 2006, Monique Olivier rétracte ses aveux. C’est Michel Fourniret qui, en 2007, reparlera des deux affaires, en demandant la jonction de ces dossiers et de celui d’Estelle Mouzin, afin qu'il soit jugé également pour ces faits à Charleville-Mézières en 2008. 

Pourquoi cela n’a-t-il pas été fait ? "La décision de ne pas joindre les dossiers Parrish et Domèce, ce n'est pas ma décision. La décision était de faire un premier cercle avec les dossiers déjà clôturés. On avait quoi dans ces dossiers en 2008 ? Les aveux de Monique Olivier, les dénégations de Michel Fourniret et les aveux rétractés de Monique Olivier", se défend Francis Nachbar. 

"Il y a eu un traitement anormal de certains de ces dossiers par la justice française. On n'a pas suivi Fourniret comme on aurait dû le faire", commente Me Didier Seban, avocat d’Eric Mouzin et de la famille de Joanna Parish.

" Non", estime Francis Nachbar. Selon lui les dossiers Domèce et Parish "n'étaient pas suffisamment avancés en 2007"  et la justice "ne pouvait pas se contenter uniquement des aveux rétractés de Monique Olivier." 

Me Corinne Herrmann, avocate de la famille Domèce ne peut entendre ces arguments. "Monique Olivier passe plusieurs fois aux aveux avant de se rétracter. Des rétractations il y a en eu dans d'autres dossiers, Émile Louis, Jacques Rançon...", dénonce-t-elle, très émue et en colère, estimant que le procès sur la mort de Marie-Angèle Domèce et Joanna Parish aurait dû se tenir en 2008 pour éviter aux familles "ces années d’angoisse". 

Monique Olivier "ne dira pas" où est Estelle

Concernant Estelle Mouzin, l’avis de Francis Nachbar est autre."J’étais convaincu dès 2006 de la culpabilité de Michel Fourniret dans l’affaire Mouzin. J'ai écrit un courrier de trois pages à la Direction des affaires criminelles et des grâces le 20. Je ne peux pas dire qu'il n’a pas été exploité mais on ne m'a pas dit : 'Oui, c'est intéressant ce que vous dites’", soutient-il. Comme Eric Mouzin, il considère qu’il y a eu une faute lourde de l’État dans ce dossier et de nombreux dysfonctionnements. 

Selon lui, le corps de la petite Estelle ne sera sans doute jamais retrouvé. La seule à connaître son emplacement, depuis la mort de Michel Fourniret en 2021, est Monique Olivier mais "quand on l'interroge sur l'emplacement des corps, elle ne dit rien du tout !" déclare le magistrat. 


Aurélie SARROT

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