Pourquoi Yaël Braun-Pivet est accusée d'avoir "enterré l’affaire Benalla" ?

Publié le 29 juin 2022 à 16h38

Source : JT 20h Semaine

Mardi, Yaël Braun-Pivet a été élue présidente de l'Assemblée nationale.
Certains membres de l'opposition ont critiqué ce choix, l'accusant d'avoir enterré la commission d'enquête sur l'affaire Benalla en 2018.
La députée était alors co-rapporteure de cette commission.

Si la nomination de Yaël Braun-Pivet au Perchoir a été saluée pour sa symbolique - la présidence de l'Assemblée nationale n'avait jamais été occupée par une femme auparavant - certains membres de l'opposition n'ont pas manqué de rappeler l'affaire Benalla et de pointer son rôle dans la faible portée de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale mise alors en place.

La présidente du groupe de La France insoumise Mathilde Panot ou encore le député du Nord Adrien Quatennens accusent Yaël Braun-Pivet d'avoir "enterré" cette commission d'enquête. L'élue était alors co-rapporteure.

Des accrochages entre la majorité et l'opposition

Lorsque des révélations sont faites à l'été 2018 sur l'ex-collaborateur du président, Alexandre Benalla, des députés demandent l'ouverture d'une commission d'enquête dès le 20 juillet. Ces pouvoirs d'enquête reviennent alors à la commission des Lois, présidée à l'époque par Yaël Braun-Pivet. Celle-ci devient co-rapporteure pour la majorité présidentielle, aux côtés du député LR Guillaume Larrivé.

Mais dès le départ, les accrochages entre les oppositions et la majorité s'accumulent. Quatre jours à peine après le début des auditions, Guillaume Larrivé démissionne de son poste de rapporteur de la commission d'enquête, devenue "une parodie" avec "des auditions bâclées, des pièces non demandées" et des "travaux empêchés" selon lui par la majorité. 

Il entraîne à sa suite les autres membres de l'opposition. Plusieurs députés accusent Yaël Braun-Pivet de "protéger" l'Élysée, l'Insoumis Alexis Corbière la qualifiant de "Benalla de l'Assemblée nationale". La commission d'enquête est close par elle le 1er août sans produire de rapport, et alors même que les députés s'étaient donnés vingt jours de plus pour mener l'enquête.

Six mois plus tard, de nouveaux éléments s'ajoutent à l'affaire Benalla, la presse révélant que l'ancien collaborateur disposait toujours de passeports diplomatiques, et qu'il effectuait des voyages d'affaires auprès de dirigeants africains, même après son licenciement par l'Élysée. Des députés socialistes demandent alors la réouverture de la commission d'enquête, invitant au passage Yaël Braun-Pivet à ne pas "une nouvelle fois ignorer les exigences de transparence". 

L'élue de la majorité refuse cependant, "les dernières révélations relatives aux agissements de M. Benalla ne relevant pas du périmètre précis fixé en juillet". Si elle assure souhaiter "que la lumière puisse être faite" sur ces nouveaux éléments, elle dénonce une demande "précipitée" qui "dénote une nouvelle fois de la volonté de l'opposition d'instrumentaliser à tout prix les dérives personnelles de M. Benalla à des fins politiques".

Pourtant, la manière dont a été menée la commission d'enquête de l'Assemblée contraste avec celle du Sénat, nourrissant les critiques de l'opposition à l'égard de Yaël Braun-Pivet. La commission sénatoriale, présidée par un rapporteur PS et une rapporteure LR, enquête, elle, pendant six mois. À son issue, un rapport sévère pointe des "dysfonctionnements majeurs" au sommet de l'État et demande notamment des poursuites contre Alexandre Benalla.


Aurélie LOEK

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