Le Parlement européen sous influence russe ? Ce que l'on sait sur le réseau qui inquiète des eurodéputés

par JC avec AFP
Publié le 30 mars 2024 à 10h35

Source : TF1 Info

Les responsables des groupes libéraux et Verts au Parlement européen ont réclamé vendredi l'ouverture d'une enquête interne.
Une demande liée à l'annonce de la République Tchèque, dont le service de renseignement dit avoir démasqué un réseau d'influence financé par Moscou.
Celui-ci répandait la propagande prorusse sur l'Ukraine à travers un site et étendait son influence "jusqu'au Parlement européen".

Le Parlement européen est à nouveau au centre des soupçons. Déjà ébranlé depuis décembre 2022 par l'affaire dite du "Qatargate", l’institution est cette fois touchée par une affaire, liée cette fois-ci à un réseau d’influence russe qui ravive les craintes d'interférences. Les responsables des groupes libéraux et Verts au Parlement européen ont réclamé vendredi l'ouverture d'une enquête interne après l'identification par des services de renseignement d'un réseau d'influence financé par Moscou.

La République Tchèque a annoncé mercredi que ses services de renseignement (BIS) avaient démasqué un réseau financé par Moscou. Selon le BIS, ce réseau répandait la propagande prorusse sur l'Ukraine à travers le site "Voice of Europe", et étendait son influence "jusqu'au Parlement européen", sans autres détails. Dans le cadre de ce réseau, "la Russie a approché des eurodéputés mais aussi payé pour promouvoir la propagande russe, il s'agit de parlementaires touchant de l'argent", a précisé jeudi le Premier ministre belge Alexander De Croo devant la Chambre des représentants belge.

Des politiques payés par la Russie

Selon le chef du gouvernement tchèque Petr Fiala, le réseau prorusse démasqué par BIS avait des activités qui "pouvaient avoir un effet important sur la sécurité de la République tchèque et de l'UE". "Ce groupe s'employait à mener des opérations et des activités sur le territoire de l'UE destinées à nuire à l'intégrité territoriale, à la souveraineté et à l'indépendance de l'Ukraine", ajoute le Premier ministre. Le BIS assure que le réseau était financé depuis la Russie.

D'après le journal tchèque Denik N, des responsables politiques européens coopérant avec le site "Voice of Europe", qui a publié des appels de certains d'entre eux à cesser d'aider l'Ukraine, ont été payés par des fonds russes qui ont également financé des campagnes pour les prochaines élections européennes. Les paiements concerneraient des responsables politiques de Belgique, France, Allemagne, Hongrie, des Pays-Bas et de Pologne, selon le média, qui cite une source diplomatique tchèque faisant état de l'implication de la formation d'extrême droite allemande Alternative pour l'Allemagne (AfD).

Une opération similaire en Pologne

Les services de contre-espionnage polonais ABW ont quant à eux fait état jeudi d'une opération en cours visant un réseau d'espionnage russe. "ABW agit dans le cadre d'une enquête sur des activités d'espionnage menées au nom de la Russie contre des États et des institutions de l'Union européenne", a écrit sur X le porte-parole des services spéciaux polonais, Jacek Dobrzynski. Au cours de l'opération, ABW a effectué mercredi des perquisitions à Varsovie et à Tychy et a "interrogé des personnes".

L'opération est le fruit d'une coopération entre l'ABW et plusieurs services européens. L'objectif du réseau visé par l'opération était "de réaliser les objectifs de politique étrangère du Kremlin, notamment d'affaiblir la position de la Pologne sur la scène internationale, de discréditer l'Ukraine et l'image des institutions de l'Union européenne", écrit ABW dans un communiqué. Là encore, ces objectifs devaient être réalisés à travers le site internet prorusse "Voice of Europe".

Une enquête demandée par différents groupes

La députée européenne française Renaissance Valérie Hayer, présidente de Renew Europe (centristes et libéraux) et tête de liste de la majorité présidentielle aux prochaines élections européennes, a écrit à la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, pour réclamer l'ouverture d'une enquête interne "immédiate et transparente, en coopération avec les autorités nationales" sur ce réseau d’influence russe. À dix semaines des élections européennes, "les électeurs doivent savoir si les eurodéputés ou candidats travaillent avec le soutien de la Russie ou de ses mandataires, la démocratie en Europe doit être défendue à tout prix contre ces menaces", souligne Valérie Hayer. 

Les Verts réclament également "une enquête rapide et approfondie à l'échelle européenne". "Vladimir Poutine tente de s'en tirer avec sa guerre en Ukraine (...) c'est une attaque directe contre le tissu même de notre démocratie, les politiques ayant reçu de l'argent doivent être sévèrement punis, tant politiquement qu'en justice", insiste l'élue allemande Terry Reintke, l'une des deux têtes de listes des Verts pour le scrutin.

"Le Parlement examine actuellement, en coordination avec ses partenaires institutionnels, les conclusions des autorités tchèques, notamment concernant le média 'Voice of Europe’', réagit de son côté une porte-parole de l'institution auprès de l'AFP. L'accès à l'institution des médias "figurant sur les listes de sanctions de l'UE", dont ceux mis en cause pour de la désinformation sur la guerre en Ukraine, est déjà interdit, poursuit-elle, ajoutant que les eurodéputés "sont tenus à des règles claires en matière d'indépendance et d'éthique", sous peine de "pénalités".


JC avec AFP

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