JO 2024 : Saint-Quentin-en-Yvelines, Villepinte... ces décharges sauvages qui font tache près de sites olympiques

par La rédaction de TF1 | Reportage : François Xavier Menage et Olivier Cresta
Publié le 30 mars 2024 à 7h30

Source : JT 20h WE

Parmi les centaines de décharges sauvages que compte la France, certaines sont situées aux abords de futurs sites olympiques.
C'est notamment le cas à Saint-Quentin-en-Yvelines et Villepinte, en Ile-de-France.
Évacuation, dépollution... le montant de la facture du grand nettoyage avant cet été, est stratosphérique.

À quelques centaines de mètres du vélodrome national de Saint-Quentin en Yvelines, où se dérouleront cet été les épreuves olympiques de vélo, VTT et BMX lors des JO 2024, une décharge à ciel ouvert a remplacé ce qui était autrefois un camping. Sur trois hectares s'étale désormais une poubelle géante.

"C'est une mer de déchets", se désole dans le reportage en tête de cet article Laurent Mazaury, vice-président de la communauté d'agglomération de Saint-Quentin en Yvelines. "Vous avez de la laine de verre dont on ne sait pas trop quelle est sa provenance, vous avez du carrelage, des dépôts de bois, vraisemblablement différentes baraques qui ont été démolies, des pneus, des briques, du carrelage", énumère-t-il, précisant que "c'est très difficile de se débarrasser des pneus en dehors d'une filière vertueuse".

"700.000 euros pour nettoyer le site"

Durant au moins trois ans, des particuliers et des entreprises du BTP ont déversé sans rien payer leurs déchets en toute illégalité sur ce site aujourd'hui sécurisé. "C'est très dégradé ce qui fait que c'est compliqué aussi à débarrasser pour une entreprise", poursuit Laurent Mazaury, de la mousse s'étant installée sur des matelas tandis que des taules entreposées contiennent de l'amiante. Pour l'évacuation et la dépollution de ces déchets, la facture totale est stratosphérique. "On a déjà investi à peu près 300.000 euros, 240.000 euros pour les études, le déblaiement et aujourd'hui la région va investir 700.000 euros pour nettoyer le site", annonce-t-il.

À l'autre bout de l'Ile-de-France, près du parc des expositions de Villepinte qui accueillera aussi des épreuves olympiques cet été, s'accumule une autre montage de déchets cette fois sur la route. On y trouve notamment des baignoires, des tas de goudron, des dizaines de boites de masques chirurgicaux arrivés à péremption, mais aussi des documents confidentiels d'entreprise tel que des relevés d'identités bancaires ou des bordereaux de commandes attestant que des entreprises ont souvent fait appel à des sociétés de déblayage pour vider armoires et bureaux.

Située au pied d'un complexe hôtelier qui accueillera touristes et organisateurs lors des JO, cette décharge offre un spectacle révulsant aux employés. Mairie, préfecture, Grand Paris... le grand nettoyage doit débuter en avril et des caméras de surveillance vont être installées afin d’éviter de nouveaux dépôts avant la compétition.

La ville de Villejuif regrette de ne pas avoir installé de caméra sur un ancien site militaire ou s'entassent désormais 30.000 m3 de déchets sauvages. Facture totale pour tout nettoyer : 5 millions d'euros. C'est l'Etat qui va payer pour mettre fin à un système particulièrement bien organisé. "C'est un camion par minute qui venait qui déchargeait avec des numéros de téléphone qui circulaient sur les réseaux sociaux, en gros ça disait 'vous avez des déchets dont vous ne savez pas quoi faire, appelez nous' ; et les gars venaient à la demande, c'était le Uber eat du polluant", détaille Pierre Garzon, maire de Villejuif. 

"On se met dans un coin, on jette vite fait"

Si les décharges sauvages pullulent ainsi, c'est parce que les décharges classiques coûtent, elles, de plus en plus cher, incitant des entreprises, de BTP notamment, à agir illégalement pour économiser. "Si un chantier chaque semaine fait 200 euros, ca chiffre", illustre anonymement un employé du BTP. "On se met dans un coin, on regarde s'il n'y pas de caméra, on jette vite fait", confie-t-il, précisant agir ainsi depuis qu'il a commencé dans le bâtiment, il y a "vingt ans un truc comme ça".

Alors que selon les associations, la France compterait pas moins de 800 décharges sauvages, la riposte vient notamment de France Nature Environnement qui a lancé une carte interactive. Le principe ? Si vous êtes témoin d'un dépôt sauvage, vous alertez immédiatement en ligne grâce à une photo et l'association interpelle par la suite les élus locaux.


La rédaction de TF1 | Reportage : François Xavier Menage et Olivier Cresta

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