En amont du 8 mars célébrant la Journée internationale des droits des femmes, le réseau des Chambres des métiers et de l’artisanat célèbre l’excellence et l’entrepreunariat féminin en remettant les Trophées "Madame Artisanat" édition 2022.Une mise en lumière des talents féminins et d’une mixité grandissante dans tous les métiers de l’artisanat.
Longtemps pré carré masculin, le monde de l’artisanat a su épouser les valeurs de son temps en accueillant davantage de consœurs ces dernières années. Aujourd’hui, 29 % de ses salariés (soit 500 000 personnes) sont en effet des femmes — mais leur représentation varie considérablement d’un secteur à l’autre, puisqu’elles occupent 11 % des postes dans le BTP contre 49 % dans celui des services ! Même si la parité globale n’est pas encore atteinte, la féminisation des métiers dans l’artisanat progresse : en 30 ans, le nombre des dirigeantes a ainsi doublé (les femmes représentant désormais 23 % des chefs entreprises). Et surtout, leur présence contribue à augmenter le nombre des diplômés parmi les dirigeants : 51 % des cheffes d’entreprises sont au moins un niveau baccalauréat (contre 33 % chez les hommes). Bref, la féminisation de l’artisanat s’est effectuée au profit de tous… et de toutes.
Et les gagnantes sont…
Afin de souligner le talent des artisanes, de sensibiliser les jeunes aux métiers de l’artisanat — et ainsi prouver qu’ils se déclinent au féminin —, le réseau des Chambres de métiers et de l’artisanat (CMA) a lancé en 2020 les Trophées "Madame Artisanat", un concours arbitré par un jury national. Pour cette édition 2022, le jury a dû départager plus 280 candidatures en lice pour quatre prix. Assortis chacun d’un montant de 3 500 €, les prix ont été remis solennellement mardi 1er mars.
Le Palmarès 2022
-Le Trophée "Madame Artisanat", décerné à une cheffe d’entreprise œuvrant depuis au moins 3 ans dans une entreprise artisanale, a couronné Alexandra Beauffreton, une paysagiste dirigeant les SARL Jardins du Moulin et SARL Jardins du Moulin Entretien à Vausseroux (Deux-Sèvres).
-Le Trophée "Madame Apprentie", remis à une apprentie en formation dans l’un des 137 CFA du réseau des CMA, est allé à Emily Chatellier, en BTS Maintenance des véhicules option A voitures particulières (CMA Pays-de-la-Loire).
-Le Trophée "Madame Engagée" a salué le travail de Séverine Montécot, gérante d’un salon de coiffure à Saint-Hilaire-du-Harcouët (Manche), notamment pour son implication en faveur de l’artisanat et de l’économie de demain.
-Un Prix "Coup de cœur AXA" a enfin été attribué à Karine Guérin-Duhaubois, gérante de la boulangerie Le Fournil de Féwen à Tinténiac (Ille-et-Vilaine) qui s’engage au quotidien pour le bien-être de ses salariés.
Paroles de lauréate
"Madame Artisanat" 2022, Alexandra Beauffreton a obtenu son BTSA Aménagements paysagers en 2007, créé à 24 ans son entreprise en 2011. Elle emploie aujourd’hui quatre salariés, un apprenti ainsi que des intérimaires et stagiaires.
Quelle a été votre réaction à l’annonce de votre victoire ?
Alexandra Beauffreton : C’est une grande fierté pour moi, pour toutes les personnes qui, comme moi, exerce un travail "masculin", ainsi que pour le monde de l’artisanat : c’est la preuve que les mentalités évoluent ! Et je suis d’autant plus fière que ce prix est national, car j’avais déjà eu il y a 10 ans un trophée départemental, la première année de mon installation.
Ce prix donne de la visibilité à votre métier comme à l’artisanat, et fait de vous un modèle…
A.B. : Quand je faisais mes études, puis mes stages, mes formations, j’étais la seule fille. Ça n’a pas toujours été simple pour moi ; heureusement, j’avais du caractère. Lors de la création de mon entreprise, on ne m’a pas toujours prise au sérieux, mais j’ai réussi à faire ma place. J’espère pouvoir guider les femmes paysagistes, parce qu’on est peu. J’espère être un exemple pour elles, mais aussi dans tous les autres métiers de l’artisanat, en montrant qu’il ne faut pas se mettre de barrière et essayer."
Avez-vous eu déjà l’occasion de recruter des stagiaires ou apprenties femmes ?
A.B. : Il y a peu de demandes. Et je ne veux pas forcément prendre des stagiaires femmes parce que je suis une cheffe d’entreprise. J’aimerais justement faire changer les mentalités et que tout le monde en prenne. On y arrivera mieux en mixant tout cela.