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Allemagne : les députés poursuivis pour "tentative de meurtre" en cas de vote pour la vaccination obligatoire ?

Publié le 29 avril 2022 à 12h00
Le Bundestag, à Berlin
Le Bundestag, à Berlin - Source : TOBIAS SCHWARZ / AFP

D’après des publications, la justice allemande a menacé de poursuivre les membres du Bundestag s’ils avaient voté en faveur du vaccin obligatoire contre le Covid.
Il s’agit en fait d'un courrier d’une association antivax, qui se présente comme un "réseau de juges et de procureurs".
Le ministère de la Justice confirme par ailleurs n’avoir aucun lien avec cette entité.

Si la mesure n’a pas été votée au Parlement allemand, elle aurait toutefois entrainé de lourdes conséquences pour ceux qui s’y étaient montrés favorables. La proposition de loi d’instaurer une vaccination obligatoire contre le Covid n’a pas été adoptée à la majorité par les membres du Bundestag, le 7 avril dernier. Si le texte est désormais enterré, des publications surgissent ces derniers jours à ce sujet. Elles affirment toutes que la justice a menacé les députés de poursuites pour "tentative de meurtre" s’ils votaient pour la proposition de loi. 

Un courrier du réseau KRiSta

Un article venant de "Réseau International", un blog à caractère complotiste, circule actuellement sur l’application Telegram. Il renvoie lui-même à une vidéo, présentée comme venant de la télévision italienne et montrant une femme interviewée depuis son bureau et donner l’information. Sur Twitter, les relais de cette vidéo indiquent que "cette décision du pouvoir judiciaire découle de la reconnaissance des effets indésirables très graves et des nombreux décès causés par l’injection du sérum génétique expérimental covid-19". Parmi eux, l’ancien sénateur Yves Pozzo di Borgo, aujourd’hui proche des milieux complotistes.

Une publication présentée comme venant du blog à caractère complotiste "Réseau International" et qui circule sur Telegram
Une publication présentée comme venant du blog à caractère complotiste "Réseau International" et qui circule sur Telegram - Telegram (capture écran)

Sauf que cet extrait est de la pure désinformation. Ainsi, la justice fédérale allemande n’a ni formulé de menaces ni intenté d'action visant à poursuivre les 269 députés favorables au texte discuté début avril au Bundestag. En fait, cette rumeur se fonde sur un courrier qui a bien été remis au Parlement mais qui n’a pas été envoyé par la justice fédérale allemande. La seule menace de cette nature se retrouve sur le site de l’association KRiSta, sous forme de communiqué. Inconnue pour le grand public, KRiSta se présente comme "un réseau de procureurs et de juges qui observent les actions politiques et les actions des législateurs et des régulateurs dans la crise du Coronavirus avec une grande inquiétude du point de vue de l'État de droit". 

D’après le Spiegel, l’association est apparentée à ces structures niant la gravité de l’épidémie et ayant émergé en Allemagne lors des mesures de confinement ou la campagne de vaccination. KRiSta s’oppose par ailleurs à la vaccination contre le Covid et dénonce régulièrement ses effets secondaires dangereux et même les morts qu’elle provoque. Des éléments qui ne sont fondés sur aucune preuve, ni aucune expertise scientifique. Le site France Soir, adepte des thèses complotistes, s'est fait le relai des actions de cette association, la présentant comme "un réseau de procureurs et de magistrats dissidents".

C’est pourquoi l’association a demandé aux députés, dans cette lettre du 2 avril, de "murement réfléchir" à leur vote. "Une chose est sûre : La vaccination provoque même des décès. Les chiffres sont alarmants. (…) En termes juridiques, on peut dire qu'en décrétant cette obligation de vaccination, l'État tue délibérément des gens !", dénonce-t-elle, avant de les inciter à agir non pas "de manière idéologique (…) mais de manière rationnelle et dans les limites du droit". 

Si le courrier demande explicitement aux membres du Bundestag de voter contre la vaccination obligatoire, il ne mentionne pas d'éventuelles actions judiciaires à l’encontre de ceux ayant voté pour. Toujours est-il que la justice n’a rien à voir avec ce type d’action. Ainsi, le ministère de la Justice s’est désolidarisé de cette prise de position en nous confirmation que l’association ne faisait "pas partie du système judiciaire fédéral". 

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Caroline QUEVRAIN

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