Un brocanteur leur achète un masque africain 150 euros… et le revend pour 4,2 millions

Publié le 30 octobre 2023 à 18h29

Source : Sujet TF1 Info

Un couple d'octogénaires retraités du Gard a saisi la justice pour faire annuler la vente à un brocanteur, pour 150 euros, d'un masque d'Afrique centrale qui leur appartenait.
Le bien a ensuite été revendu pour plus de quatre millions d'euros en salle des ventes.
L'affaire sera plaidée le 31 octobre devant le tribunal judiciaire d'Alès.

C'est en septembre 2021 que ce couple d'Eure-et-Loire aujourd'hui âgé de 88 ans et 81 ans a recours à un brocanteur du Gard pour lui vendre des biens et bibelots de leur résidence secondaire au Vigan dont il souhaite se séparer. Dans la maison, le professionnel repère quelques biens qui l'intéressent, parmi lesquels des miroirs, et ce masque africain, rangé dans un cagibi. Le couple, qui n'a alors aucune idée de la valeur de l'objet, accepte sans rechigner le prix du professionnel : 150 euros pour la sculpture dont monsieur a hérité de son grand-père.

Six mois plus tard, en lisant leur journal, les époux découvrent que leur masque va être vendu aux enchères prochainement. La maison des ventes décrit la sculpture en bois comme "rarissime", un "apanage d'une société secrète du peuple Fang au Gabon".

Estimé entre 300.000 et 400.000 euros, il sera adjugé le 26 mars 2022 à 4,2 millions hors frais, malgré les protestations dans la salle de Gabonais réclamant sa "restitution" à son pays d'origine. 

"Suite à la vente, le brocanteur a proposé à mes clients entre 100.000 et 300.000 euros, le chèque n'est jamais arrivé et la transaction ne s'est pas faite. Ce couple est alors venu me voir pour poursuivre ce monsieur en justice", explique ce lundi à TF1info Me Frédéric Mansat Jaffré. L'affaire sera plaidée ce mardi devant le tribunal judiciaire d'Alès (Gard). 

"Pour mes clients ce masque était anodin"

Dans sa description, la salle des ventes précisait que le masque de 55 cm de haut avait été collecté vers 1917, dans des circonstances inconnues, par le gouverneur colonial français René-Victor Edward Maurice Fournier (1873-1931), en poste à Dakar puis au Moyen-Congo, probablement lors d'une tournée au Gabon. Les descendants du gouverneur l'ont retrouvé au moment de la vente d'une propriété familiale dans l'Hérault, dans le grenier où il dormait depuis les années 1920. Ils ignoraient tout de sa rareté, selon le commissaire-priseur Jean-Christophe Giuseppi, qui avait rappelé avant la vente qu'il n'existait qu'une dizaine de masques de ce type dans le monde.

"Pour mon client et sa femme, ce masque était anodin. C'était un cadeau fait au grand-père de monsieur quand il avait des fonctions en Afrique. Le papa l'avait récupéré, puis le petit-fils. En réalité, il n'est pas du tout anodin. C'est même un chef-d'œuvre ! ", insiste Me Frédéric Mansat Jaffré.

Qu'attendent ses clients de l'audience de mardi ? "Ils attendent d'être reconnus dans leur bon droit, comme des personnes de bonne foi qui n'en font pas une affaire d'argent. Ils ont été trompés, abusés par un professionnel malin" assure Me Frédéric Mansat Jaffré. Et d'ajouter : "Nous demandons la nullité de la première vente de septembre 2021 au brocanteur, mais comme ce dernier a revendu le masque, ça n'est pas possible, donc nous demandons le prix de ce masque soit 4,2 millions d'euros."

La décision sera mise en délibéré à l'issue de l'audience. 


Aurélie SARROT

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