Qui est Justine Triet, la réalisatrice d'"Anatomie d'une chute", la Palme d'or 2023 ?

par Jérôme VERMELIN à Cannes
Publié le 27 mai 2023 à 22h16, mis à jour le 28 mai 2023 à 11h13

Source : TF1 Info

La réalisatrice française Justine Triet a décroché la Palme d'or du 76ᵉ Festival de Cannes avec "Anatomie d'une chute".
Depuis le début de sa carrière, chacun de ses films dresse des portraits de femmes tourmentées, confrontées au jugement de la société.
Samedi soir, cette cinéaste engagée a profité de la tribune qui lui était donnée pour critiquer sèchement la réforme des retraites.

Durant ce 76ᵉ Festival de Cannes, un confrère américain écrivait que le meilleur cinéma français actuel était réalisé par des femmes. Deux ans après Julia Ducournau avec Titane, membre du jury cette année, c’est donc Justine Triet, 44 ans, qui décroche la Palme d’or du 76ᵉ Festival de Cannes avec le captivant Anatomie d’une chute. La dixième de l’Histoire pour le cinéma français. Et seulement la troisième attribuée à une femme.

Originaire de Fécamp en Seine-Maritime, cette ancienne étudiante des Beaux-Arts a réalisé de nombreux court-métrages avant de passer au long avec La Bataille de Solférino en 2013, une fiction qui suivait les déboires personnels d’une journaliste chargée de couvrir le deuxième tour de la présidentielle 2012, opposant Nicolas Sarkozy à François Hollande. Interprété par Laetitia Dosch et Vincent Macaigne, ce coup d’essai est présenté sur la Croisette mais n'attire pas les foules avec un peu plus de 30.000 entrées.

J'ai toujours fait des films autour de femmes. Cette fois, c'est quelqu'un qui n'est pas facile à comprendre
Justine Triet à propos de l'héroïne de "Anatomie d'une chute"

Trois ans plus tard, Justine Triet fait équipe  avec Virginie Efira pour Victoria, le portrait d’une avocate débordée par son quotidien. Une tragicomédie qui réunit plus de 650.000 spectateurs en salles, décroche cinq nominations aux César, mais n’en remporte aucune. Le duo se reforme en 2017 pour Sibyl, un thriller étonnant où la comédienne joue une psychanalyste qui décide de se mettre à l’écriture de roman, et s’inspire de l’une de ses patientes qui vit une relation douloureuse avec un célèbre comédien. S’il est présenté en compétition sur la Croisette, il rentre bredouille et séduit moins que son prédécesseur, avec 340.000 entrées.

C’est sur ce film que la cinéaste fait la rencontre de Sandra Hüller, la comédienne allemande à qui elle va confier le rôle principal d'Anatomie d’une chute. Ou l’histoire d’une célèbre romancière accusée du meurtre de son mari. "J'ai toujours fait des films autour de femmes. Cette fois, c'est quelqu'un qui n'est pas facile à comprendre", avait déclaré Justine Triet à l’AFP lors de la présentation du film. "C’est un personnage qui assume sa liberté, sa sexualité, ses choix de vie. Elle a l'air forte et ça la rend suspecte", soulignait-elle.

À la ville, Justine Triet partage la vie d'Arthur Harari, le réalisateur de Onoda, 10.000 nuits dans la jungle, qui a joué dans ses premiers films, et qui a écrit avec elle le scénario d'Anatomie d’une chute. En 2022, ce dernier avait lancé une charge acerbe contre le "manque de courage" du cinéma français et l’émergence des plateformes de streaming lors de la cérémonie des César où il avait reçu le prix du scénario original.

Ce samedi soir à Cannes, c’est sa compagne qui a profité de la tribune exceptionnelle qui lui était donnée pour mettre les pieds dans le plat en dénonçant la réforme des retraites, fruit selon elle d'un "schéma dominateur de pouvoir décomplexé". Très remontée, elle a également déclaré que "la marchandisation néo-libérale de la culture que le gouvernement défend est en train de casser l'exception culturelle française". Des propos qui n'ont pas fini d'être commentés...


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