Réforme des retraites : pourquoi Emmanuel Macron brandit la menace d’une dissolution de l’Assemblée nationale

Publié le 29 septembre 2022 à 12h35

Source : TF1 Info

Le président de la République n'exclut pas de dissoudre l'Assemblée nationale en cas de blocages sur la réforme des retraites.
Pour quelles raisons Emmanuel Macron agite-t-il cette menace ?

L'exécutif s'est mis d'accord lors d'un dîner organisé avec des leaders de la majorité mercredi soir. "On fait le choix du dialogue et de la concertation", a indiqué la Première ministre Elisabeth Borne, souhaitant une entrée en vigueur d'une réforme des retraites "à l'été 2023". Et si Emmanuel Macron se trouvait en difficulté pour faire adopter son texte, il a brandi la menace d'une dissolution de l'Assemblée nationale en cas de vote d'une motion de censure présentée par l'opposition. Pour quelles raisons le chef de l'État agite-t-il déjà cette menace, pour la première fois depuis son élection en 2017 ?

Il ne bénéficie pas de la majorité absolue à l'Assemblée nationale

 Si le président de la République met en garde contre une dissolution, c'est parce que son camp ne bénéficie pas de la majorité absolue à l'Assemblée nationale. Depuis les élections législatives de juin dernier, le groupe Renaissance et ses alliés n'ont qu'une majorité relative dans l'hémicycle, qui ne leur assure pas de faire passer leurs textes en cas d'alliance des oppositions. Emmanuel Macron pourrait donc être en difficulté pour faire adopter sa réforme des retraites, contre laquelle sont la Nupes et le Rassemblement national, les deuxième et troisième plus gros groupes parlementaires. 

Alors quel que soit le texte choisit pour faire passer la réforme, amendement dans un projet de loi budgétaire ou projet de loi à part entière, le gouvernement pourrait décider d'engager le 49-3 pour faire adopter le texte sans vote. Il s'exposerait au dépôt d'une motion de censure de l'opposition. LFI et le RN ont d'ores et déjà prévenus qu'ils pourraient en déposer une et se sont dit prêts à voter celle déposée par leur adversaire. Si elle était adoptée, elle obligerait le gouvernement à démissionner.

Pousser la droite à se positionner

En cas de dissolution de l'Assemblée nationale, il faudrait organiser de nouvelles élections législatives et la couleur actuelle de l'hémicycle serait entièrement revue. Les députés en place arriveraient-ils à se faire réélire ? Il n'est pas acquis que les élus de l'alliance de gauche réussissent à réaliser d'aussi bons scores qu'en juin dernier, idem pour les élus Renaissance et LR. Tous pourraient perdre quelques parlementaires, à l'inverse du Rassemblement national, qui à l'aune de ce qu'il se passe un peu partout en Europe, pourrait sortir renforcé de ces élections. 

Le président de la République espère donc rappeler à ses adversaires qu'ils n'ont rien à gagner à lui mettre des bâtons dans les roues, en premier lieu Les Républicains. Depuis le début, c'est sur eux que compte le camp présidentiel pour construire une majorité. Encore plus sur la réforme des retraites, qu'ils sont les seuls à appeler de leurs vœux. Ce mercredi, le chef des députés LR Olivier Marleix a estimé que relancer des concertations était "un progrès", mais il n’a pas voulu dire si son groupe voterait un tel projet. Le président LR du Sénat Gérard Larcher a assuré que la chambre haute "engagerait le débat" dès l'automne. Sur la menace d’une dissolution, le premier a estimé que "celui qui met le feu aux poudres en disant 'on va faire la réforme en trois jours' c'est [Emmanuel Macron]".

Imposer coûte que coûte une promesse de campagne

Notamment à cause de la pandémie de Covid-19, Emmanuel Macron n'a pas pu mettre en place cette promesse de campagne de 2017 au cours de son premier quinquennat. Alors, il est bien décidé à la faire appliquer au plus vite pendant ce second quinquennat. Le gouvernement répète qu'il souhaite un texte en vigueur pour l'été 2023, et fera tout pour. 

Cette mesure est même primordiale dans toute la politique budgétaire du gouvernement. Tous les membres de l'exécutif répètent qu'elle est nécessaire pour sauver le régime des retraites et plus globalement la politique sociale du pays. "Nous ne voulons pas augmenter les impôts, ni faire exploser la dette que les générations futures devront payer tôt ou tard", a expliqué dans le JDD daté du 25 septembre le ministre des Comptes publics Gabriel Attal. 

"Les nouveaux droits, l’amélioration de nos services publics, cela passe par l’activité. 'Travailler plus pour vivre mieux', en somme", a poursuivi le ministre, alors que le président veut repousser l'âge légal de départ à 65 ans. "Aucun pays n’investit autant que la France pour protéger", tant face à la crise sanitaire que désormais face à l'inflation, a-t-il défendu, et cet "effort inédit (...) a un coût"


Justine FAURE

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