Ukraine : l'armée russe ferait des progrès "lents et inégaux" à l'Est malgré des améliorations dans son organisation

Publié le 29 avril 2022 à 12h41

Source : TF1 Info

Des responsables américains ont récemment constaté "quelques signes" d'amélioration dans la capacité de la Russie à mener des opérations militaires d'envergure et à assurer son ravitaillement.
Moscou tente, en effet, de tirer les leçons de son échec lors de sa première offensive en Ukraine.

Une mini-révolution dans les rangs de l'armée russe ? La semaine dernière, Moscou a lancé une nouvelle offensive dans l'Est de l'Ukraine après avoir organisé une série de replis stratégiques. L'objectif annoncé du Kremlin est la conquête de l'ensemble du Donbass, et notamment du territoire des deux républiques auto-proclamées de Lougansk et Donetsk. Pour parvenir à ces objectifs, le commandement militaire russe semble tenter d'ajuster sa stratégie. Les États-Unis ont ainsi constaté "quelques signes" d'amélioration de la capacité de la Russie à combiner les opérations aériennes et terrestres, ainsi que de sa capacité à réapprovisionner les forces sur le terrain, ont indiqué des responsables à CNN.

Lignes de communication et de ravitaillement plus courtes

Moscou tente de tirer les leçons des erreurs qu'elle a commises lors des premières semaines de combats en Ukraine, lorsque des colonnes de chars et de blindés se sont retrouvées à court de nourriture et de carburant. La proximité de la frontière russe permet, à cet égard, aux soldats de maintenir des lignes d'approvisionnement plus courtes et plus efficaces. Le fait de concentrer toutes les troupes sur une ligne de front plus réduite permet tout à la fois un ravitaillement plus efficace et une force de frappe décuplée. 

Environ 92 groupements tactiques de bataillon (BTG) - groupes militaires composés d'un noyau d'infanterie, appuyé par des blindés et de l'artillerie - seraient désormais déployés dans l'Est du pays, et 20 autres juste de l'autre côté de la frontière russe. "Les attaques sont un peu mieux coordonnées, mais avec de petites formations. Des unités de la taille d'une compagnie avec un soutien par hélicoptère", a déclaré un responsable européen de la défense à CNN. Il s'agit du "niveau le plus bas de soutien mutuel. Au sein de l'OTAN, ce serait le niveau de base", tempère-t-il toutefois. 

Par ailleurs, la Russie aurait placé des éléments de commandement et de contrôle près de sa frontière avec l'Ukraine orientale. Avec cette manœuvre, elle tente de raccourcir sa chaîne de commandement et de remédier aux défaillances en matière de communication et de coordination observées lors de l'attaque de Kiev.

Des forces encore considérables...

Côté russe, l'un des principaux avantages dans cette guerre reste la taille de la force militaire disponible. La semaine dernière, les États-Unis ont estimé qu'environ 75 % des forces préparées par le Kremlin pour cette invasion étaient encore intactes. En revanche, les unités russes sont en plus mauvais état que prévu, selon une évaluation du Pentagone. "Certains chars ont un conducteur et pas d'équipage", explique par exemple un responsable. De même, certaines unités n'ont plus que 70% de leur effectif, ce qui correspond à la limite à partir de laquelle une unité ne peut plus être efficace au combat, selon la doctrine occidentale.

Malgré tout, les progrès effectués par les troupes de Vladimir Poutine sont "lents et inégaux", note un haut responsable de la Défense américaine, permettant aux forces russes de n'avancer que de "plusieurs kilomètres environ" chaque jour. "Ce n'est pas une chose simple. Il ne suffit pas de déplacer des chars et du personnel et de dire : "Reprenez le combat !"", abonde un cadre de l'Otan dans les colonnes de CNN. 

Il ne faut pas longtemps pour que le moral soit sapé une fois au combat
Un haut responsable américain

Pour ne rien arranger, le moral des troupes russes demeure au mieux instable, au pire au plus bas. "Nous disposons d'indications préliminaires selon lesquelles, si les conscrits ont au départ un moral élevé parce qu'ils se sont nourris de propagande russe, il ne faut pas longtemps pour que ce moral soit sapé une fois qu'ils sont mis au combat et confrontés à la résistance ukrainienne", argue le commandement militaire américain. 

Enfin reste le facteur météorologique, l'humidité - et donc la boue - pouvant ralentir voire immobiliser les chars russes. 


Maxence GEVIN

Tout
TF1 Info