• En cet été rythmé par les Jeux olympiques de Paris 2024, les Vérificateurs de TF1info vous proposent une série consacrée au sport et à la santé, en partenariat avec l'Inserm.
  • Dans ce premier épisode, nous cherchons à savoir si une activité physique rime forcément avec la perte de poids.
  • Réponse avec Cédric Moro, chercheur à l'Institut des maladies métaboliques et cardiovasculaires (I2MC/Inserm).

Si la grand-messe olympique va animer l'été, c'est le sport sous toutes ses formes qui sera mis à l'honneur à l'occasion des Jeux de Paris 2024. L'occasion pour Les Vérificateurs de TF1info de vous proposer une série d'articles consacrée à l'activité physique et à la santé, réalisée en partenariat avec l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et les chercheurs les plus aguerris sur ces questions.

 

Dans ce premier épisode, nous avons demandé à Cédric Moro, directeur de recherche au sein de l'Inserm et responsable d'équipe à l'Institut des maladies métaboliques et cardiovasculaires de Toulouse (I2MC) de nous expliquer si l'activité sportive est réellement une arme pour entrer dans son maillot de bain. 

Maigrir sans sport : possible, mais inefficace

Car le postulat semble être devenu incontestable. Pour atteindre son objectif "summer body", (nouvelle fenêtre) le passage à la salle de sport serait inévitable. Et de fait, toutes les études s'accordent à dire que le sport est bénéfique en santé pour la perte des poids. Toutefois, "les effets sont relativement faibles", tempère Cédric Moro auprès de TF1info. "Si l'on prend un programme d'activité physique, seul, indépendamment d'une modification du régime alimentaire, l'impact sur la perte de poids sera limité." Pour deux raisons. D'abord, et en partie, parce qu'un programme soutenu d'exercice physique, combinant par exemple endurance et renforcement musculaire, "va faire diminuer la masse grasse, mais en parallèle augmenter la masse musculaire, donc le bilan net sur la perte de poids reste modéré"

Deuxièmement, le directeur de recherche rappelle que le poids corporel est sous le contrôle de la "balance énergétique". Très schématiquement, celle-ci se calcule à partir des entrées, les calories consommées, et des sorties, soit l'énergie dépensée. Or, "un exercice intense et d'une courte durée", comme cela peut être le cas en début de séance, "va utiliser des glucides", nous explique le spécialiste de la recherche sur l'obésité (nouvelle fenêtre). En creusant ces réserves, "on va provoquer de l'appétit". "Une prise alimentaire qui va éviter la perte de poids très marquée". "Seul un programme d'exercices physiques avec un volume très important", par exemple une heure cinq fois par semaine, "va induire un déficit calorique assez important pour conduire à une perte de poids non compensée par la stimulation de la faim" souligne le spécialiste. Pour réellement voir un impact sur la ligne (nouvelle fenêtre), il faut donc sortir de la salle de sport et vérifier ses placards afin de modifier son alimentation. "Avec cette combinaison, on va avoir une augmentation des effets de l'exercice sur la perte de poids qui sont très nets."

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S'il faut forcément passer par la case régime, alors peut-on perdre du poids sans faire de sport ? "La réponse est oui, puisqu'on diminue les entrées", réplique, notre interlocuteur, avant de rappeler que, comme souvent, les choses ne sont pas si simples. Pendant cette période, le métabolisme va être en situation de privation : il va s'adapter et optimiser chaque calorie. Le corps va tout de suite stocker et moins dépenser, comme nous vous l'expliquions l'été dernier dans une série consacrée (nouvelle fenêtre)aux idées reçues sur le "summer body". Dès lors, arrêter le régime restrictif risque de provoquer une prise de poids. Un phénomène baptisé "l'effet yo-yo", parfaitement représenté dans un chiffre de l'Anses (nouvelle fenêtre). 80% des personnes reprennent du poids un an après la fin de leur régime. C'est pourquoi les études montrent que seuls des programmes associant restrictions caloriques avec activité physique ont un réel effet bénéfique. "Cette combinaison va permettre la stabilisation de la perte de poids au long cours et éviter l'effet yo-yo", conclut Cédric Moro. 

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Reste à savoir s'il vaut mieux inviter un ami pour une partie de tennis ou se lancer dans l'haltérophilie. Si 32 sports seront représentés aux Jeux Olympiques (nouvelle fenêtre)cet été, les chercheurs classent plutôt les exercices en trois catégories. Ceux d'endurance, comme le vélo, la natation, la course ou la marche active, ceux de renforcement musculaire ou de résistance, qui font appel à la force, et ceux "intermittents", qui combinent un peu les deux, comme les sports collectifs. Comme l'explique l'Inserm dans une note à ce sujet (nouvelle fenêtre), le premier va mobiliser les réserves lipidiques et brûler les graisses, en épargnant les réserves de glucides tant qu'il reste d'intensité légère à modérée. Le second va augmenter la taille des fibres, préserver la masse et la force musculaire. C'est pourquoi Moro privilégie l'association de l'endurance et du renforcement musculaire. "Les études montrent que cette combinaison va avoir non seulement un bénéfice important sur l'optimisation de la perte de poids, mais aussi sur la diminution des risques cardiovasculaires."

Le sport, avant tout un enjeu de santé publique

Car c'est finalement là tout l'enjeu. "Indépendamment de la perte de poids, il est bénéfique pour la santé d'être physiquement actif", martèle Cédric Moro. Dans une expertise collective, réalisée par l'Inserm en 2019, (nouvelle fenêtre) un groupe de chercheurs a conclu que les bénéfices de la pratique d'une activité physique, adaptée si nécessaire, "l'emportent sans conteste sur les risques encourus, quels que soient l'âge et l'état de santé des personnes". 

Celle-ci présente notamment des intérêts "en prévention de différentes maladies chroniques, pathologies cardiovasculaires, troubles ostéo-articulaires, et même pathologies mentales comme la dépression légère à modérée", liste le directeur de recherche. Raison pour laquelle l'OMS recommande (nouvelle fenêtre) a minima 150 minutes d'activité modérée à intense par semaine. Si le sport rime parfois avec compétition, souvent avec objectif "summer body", c'est donc avant tout une affaire de santé.

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Felicia SIDERIS

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