Tarification progressive de l'eau : comment vos factures pourraient baisser (ou gonfler)

par Maëlane LOAËC | Reportage TF1 Antoine Cazabonne, Jean-Vincent Molinier
Publié le 30 mars 2023 à 18h16, mis à jour le 31 mars 2023 à 10h17

Source : JT 20h Semaine

Plus vous consommez, plus vous payez cher, et inversement : c'est le principe de la tarification progressive de l'eau, qu'Emmanuel Macron a annoncé vouloir généraliser.
On vous explique ce dispositif déjà en vigueur dans plusieurs villes françaises, et son impact sur les factures.

Ressource de plus en plus précieuse, l'eau pourrait venir à manquer dès l'été prochain. Pour éviter des coupures d'eau potable dans plusieurs villes, comme ce fut le cas l'été dernier, et plus largement pour anticiper les effets du changement climatique, Emmanuel Macron a dévoilé jeudi "un plan de sobriété sur l'eau". Parmi les mesures phares présentées depuis le lac de Serre-Ponçon, dans les Hautes-Alpes, la généralisation de la "tarification progressive" de l'eau, expérimentée dans certains territoires depuis quelques années, comme les communes de Libourne, Dunkerque ou plus récemment Montpellier. 

Le principe : au-delà d'un certain volume de base de consommation, le tarif augmente. L'objectif est à la fois de dissuader les foyers d'utiliser trop d'eau, mais aussi de permettre aux plus précaires de mieux accéder à la ressource. "Les premiers mètres cubes sont facturés à un prix modeste, proche du prix coûtant", utilisés "pour boire, nous laver et pratiquer les usages domestiques du quotidien", a expliqué le chef de l'Etat. "Ensuite, au-delà d'un certain niveau, le prix du mètre cube sera plus élevé", pour les consommations dites "de confort", a-t-il poursuivi. 

"C'est dissuasif, j'ai restreint ma consommation"

La mesure viserait donc à récompenser les consommateurs les plus économes. Anne-Sophie, qui témoigne dans le reportage de TF1 en tête de cet article, estime en faire partie : cette retraitée de Montpellier paie déjà, aux côtés de son compagnon Régis, 200 euros tous les six mois, un budget qu'ils ne peuvent pas dépasser. "Je ne voudrais pas que ce soit plus, j'estime que je fais attention et qu'il n'y a pas de raison de payer plus", explique-t-elle. D'autant que ces derniers mois, certaines agglomérations ont augmenté les tarifs de 10% sous l'effet de l'inflation. Le prix du mètre cube grimpe en moyenne à quatre euros en France.

Pour limiter les coûts et les consommations, une dizaine de communes expérimentent déjà la tarification progressive. Parmi elles, Montpellier justement, qui a sauté le pas tout récemment, au 1er janvier. Pour les foyers disposant d'un compteur individuel, plusieurs tranches ont été délimitées : gratuit jusqu'à 15 mètres cubes, 95 centimes jusqu'à 120, 1,40 euro jusqu'à 240 et 2,70 au-delà, détaille son site. Selon la municipalité, 70 à 75% des abonnés profiteront d'une baisse de leur facture cette année. Pour un ménage de quatre personnes qui consomme 120 mètres cubes par an, cela représente par exemple 15 euros d'économisés par an. En revanche, un quart des foyers qui ont une forte consommation devra payer plus. Pour un même ménage de quatre personnes, mais qui consomme 400 mètres cubes par an, cela représente 300 euros en plus en 2023. 

La commune marche dans les pas d'autres villes précurseuses, comme celle de Libourne, en Gironde, qui en a pris l'initiative dès 2010. Le mètre cube n'y coûte que 10 centimes pour les petits consommateurs. Puis le tarif grimpe progressivement, explique le site de la ville : de 16 à 120 mètres cubes, l'eau reste considérée "utile", elle est donc facturée 70 centimes, puis la facture s'alourdit à 75 centimes de 121 et 150 mètres cubes, une "eau de confort". Au-delà, le mètre cube coûte 83 centimes.

Quand le prix de l'eau varie selon sa consommationSource : JT 13h Semaine

Un dispositif efficace, à en croire les habitants : "c'est dissuasif, j'ai restreint ma consommation", confirmait une passante dans un reportage du 13H de TF1 en septembre dernier, à retrouver dans la vidéo ci-dessus. "On a vu immédiatement une baisse relativement significative de la consommation en eau : 3% d'eau en moins en 2011 qu'en 2010", se félicitait ainsi le maire (divers gauche) de la ville, Philippe Buisson.

Dans son sillage, la ville de Dunkerque, dans le Nord, a initié en 2012 un dispositif échelonné de 75 mètres cubes à 200 et plus. Elle propose notamment un tarif réduit pour les bénéficiaires de la Complémentaire santé solidaire pour le premier palier. Dès 2013, la consommation sur l'ensemble du service d'eau avait baissé de 9%, selon une étude de l'Institut d’administration des entreprises Paris-Sorbonne. Dans le détail, les petits consommateurs avaient augmenté leur consommation de 11%, mais ceux dans la moyenne l'avaient plutôt réduit, tandis que les plus gros l'avaient diminué de 12,8%. 

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Maëlane LOAËC | Reportage TF1 Antoine Cazabonne, Jean-Vincent Molinier

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