Depuis plusieurs années, les États-Unis sont aux prises avec le fentanyl, ou "drogue du zombie".Le Mexique, premier producteur de cette substance ultra-dangereuse, abrite les redoutables "narcos", qui organisent et tiennent ce business au prix du sang versé.Nos journalistes Michel Scott et Paul Bouffard ont pu remonter la piste du plus puissant de ces cartels, celui de Sinaloa.Regardez ce reportage exclusif du 20H de TF1.
À Tijuana, au Mexique, pas un jour ne passe sans que la violence des cartels ne fasse couler le sang. C'est encore le cas dès l'aube, ce jour-là, alors que nos journalistes Michel Scott et Paul Bouffard se trouvent sur place. Victime collatérale d'un règlement de comptes, une jeune femme de 23 ans, enceinte, est morte sur le coup, tout comme son enfant à naître. Et bien sûr, personne n'a rien vu, par peur des représailles.
Directement liée à cette violence se dresse, à quelques centaines de mètres de là, une barrière en métal, infranchissable, du moins en apparence : la frontière avec les États-Unis. Au-delà, se trouve le gigantesque marché américain, première destination du monde pour les narcotrafics. La frontière, elle, est donc une zone de passage obligée pour les "narcos".
Le Sinaloa, c'est le pays où est né El Chapo, le chef du cartel. C'est ici qu'il a grandi
Miguel, reporter local
Ce matin-là, sous l'objectif de notre caméra, 28 kilos de méthamphétamines ont été saisis par les forces de l'ordre. Les six membres du gang qui en étaient en possession sont des narcos qui travaillent pour le plus puissant des cartels. Ces derniers, justement, se spécialisent de plus en plus dans les drogues de synthèse. L'une d'elles les intéresse particulièrement : "On a affaire de plus en plus souvent aux cargaisons de fentanyl", explique un policier.
Cette substance chimique est responsable de deux tiers des overdoses en Amérique. Dans leur reportage long format à retrouver en tête de cet article, Michel Scott et Paul Bouffard vont donc remonter la piste de cette marchandise mortelle, jusqu'au fief d'origine du cartel le plus redoutable, au fin fond de l'État de Sinaloa, au sud-est du Mexique.
"On vient vous chercher, restez où vous êtes"
C'est grâce à Miguel, un reporter local qui connait très bien la région, que l'équipe de TF1 va prendre contact avec ces hommes de l'ombre qui produisent le fentanyl. "C'est le pays où est né le chef du cartel, El Chapo. C'est ici qu'il a grandi, comme de nombreux autres barons de la drogue, d'ailleurs. C'est leur territoire", développe le journaliste face à Michel Scott, dans le véhicule qui les emmène sur place.
Joaquín Guzmán Loera, El Chapo, patron du cartel des cartels, est aujourd'hui emprisonné à vie aux États-Unis. Mais son réseau, lui, fonctionne plus que jamais. Ce sont justement des sentinelles de son organisation qui interceptent le véhicule de notre équipe depuis le bord de la route, sur le trajet vers le Sinaloa. Les hommes leur font signe de les suivre. Pour les "encadrer", deux véhicules se placent devant, et une voiture les suit.
Les reporters de TF1 se trouvent alors tout près de la Tuna, le ranch du clan d'El Chapo, avec sa piste clandestine pour les petits avions de contrebande. Les hommes de main qui gardent ce territoire acceptent de recevoir notre équipe dans l'une de leurs planques, masqués et équipés comme les soldats d'une armée. "Nous avons des gens partout, des guetteurs qui surveillent toutes les routes. En même temps, nous devons rester discrets. C'est une vraie guerre, où il s'agit de défendre nos intérêts. Mais moins il y a d'affrontements, mieux c'est pour le business", détaille un "narcos", armé jusqu'aux dents.
Nos journalistes doivent âprement négocier pour voir les laboratoires de fentanyl. Ces derniers sont cachés en pleine ville, à Culiacán, la capitale du cartel, où on en compterait environ 500. Cette cité du crime vit d'ailleurs à l'ombre de la narco-culture : on y prie Jesús Malverde, une sorte de saint-patron des narcos, et on y chante les louanges des grands mafieux, dont les effigies ornent même casquettes et t-shirts.
Finalement, Michel Scott et Paul Bouffard arrivent à leurs fins : rendez-vous leur est donné à la nuit tombée. "On vient vous chercher, restez où vous êtes", leur intime-t-on. Le masque à gaz est indispensable pour pénétrer dans le laboratoire, dont l'air est irrespirable, saturé d'émanations toxiques aux dégâts irréversibles en cas d'inhalation. Mais ce poison rapporte des millions aux hommes qui développent ce business.
Découvrez l'intégralité de ce reportage dans la vidéo en tête de cet article.