Avec la réforme, ces salariés en préretraite obligés de choisir entre retour au travail ou congé sans solde

par La rédaction de TF1 | Reportage : Octavie Couchard, Sylvain Thizy
Publié le 28 avril 2023 à 18h10

Source : JT 13h Semaine

Une soixantaine de salariés du groupe Orano partis en préretraites ont récemment reçu un courrier leur indiquant qu'ils n'avaient pas fini leur carrière.
Avec la réforme des retraites, ils se voient proposer de revenir au travail, prendre un congé sans solde ou lisser leur rémunération jusqu'à la fin de contrat.
Les syndicats appellent la direction à "revoir sa copie".

En septembre 2022, Olivier Clerc, un salarié d'Orano sur le point de partir en préretraite, pensait avoir fait ses adieux à son entreprise après 35 ans de bons et loyaux services. Devant nos caméras, le jeune sexagénaire fait défiler sur son téléphone les photos et vidéos de cette dernière journée. "Mes collègues m'ont fait une petite haie d'honneur pour marquer le coup", raconte-t-il. "Il y avait beaucoup d'émotion, c'est une autre vie qui commence pour moi", se souvient-il dans le reportage à retrouver en tête de cet article. Une nouvelle vie de repos et de temps libre pour s'occuper enfin de son jardin. 

C'était sans compter sur la réforme des retraites, promulguée par Emmanuel Macron mi-avril. Comme 15 autres employés du site du Tricastin (Drôme), Olivier Clerc a eu la surprise de recevoir un courrier lui indiquant qu'il n'avait pas fini sa carrière.

Dilemme

Les choix qui se présentent à lui : prendre un congé sans solde, lisser sa rémunération prévue jusqu’à la fin de son contrat ou retourner au travail. "Rester sans salaire pendant un an, ça me semble un peu compliqué. Lisser mon salaire et perdre 32.000 euros dans l'année, ça m'ennuie un peu aussi. Donc, je vais retourner au travail", soupire-t-il. Mais il ne pourra y retourner qu’après avoir écoulé l’ensemble de ses congés accumulés au cours de sa carrière. 

Ce n'est qu’en août 2024 qu’il sera théoriquement à la retraite. "Au niveau de notre activité industrielle, il faut des habilitations, des formations, des mises à jour, des visites médicales...", énumère-t-il. "Le temps de mettre tout ça en marche, ça va prendre un certain temps et je pense qu'il sera temps de partir."

Je ne désespère pas que la direction revoie sa copie et prenne à sa charge l'intégralité des mois supplémentaires
Cédric Noyer, coordinateur syndical FO chez Orano

Selon nos confrères de Libération, ces 16 salariés nés après 1961, à savoir la première génération concernée par la réforme des retraites, n'avaient pas encore liquidé leurs droits. Ils n'étaient cependant plus en poste et même déjà remplacés pour certains. Au total, dans l'ensemble de l'entreprise, ils sont une soixantaine à être concernés. 

Le groupe Orano (ex-Areva) se défend de son côté d’avoir voulu jouer le bon élève en appliquant la réforme. "La loi a été promulguée récemment. Elle est applicable au 1er septembre [...] C'est demain matin. Plus on attend, plus on va mettre les salariés en difficulté", justifie Vincent Frugier, le directeur des affaires sociales. 

Sauf que le courrier en question a été envoyé début avril, avant même que le texte du gouvernement ne soit validé par le Conseil constitutionnel puis promulgué au Journal officiel. Les syndicats, eux, ne désespèrent pas que la direction "revoie sa copie et prenne à sa charge l'intégralité des mois supplémentaires", comme l'explique Cédric Noyer, coordinateur Force Ouvrière (FO).

Prendre en charge les mois restants coûterait au groupe 500.000 euros. Une somme que représentants syndicaux appellent à mettre en perspective avec le chiffre d'affaires de 10 milliards d'euros d'Orano.


La rédaction de TF1 | Reportage : Octavie Couchard, Sylvain Thizy

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