Affaire Bonfanti : la résolution du cold case, "un soulagement et un coup dur" pour les proches de la victime

Publié le 29 novembre 2022 à 14h37, mis à jour le 29 novembre 2022 à 14h56

Source : JT 20h WE

Le parquet de Grenoble a annoncé lundi que le crâne retrouvé le 26 octobre 2022 à Buissière (Isère) était bien celui de Marie-Thérèse Bonfanti.
Cette mère de famille avait disparu le 22 mai 1986 à Poncharra dans le même département.
Eugène Saia, frère de la victime, réagit à cette nouvelle.

C'est le procureur de la République de Grenoble, Éric Vaillant, qui a communiqué sur le dossier lundi en fin de journée. "Le juge d'instruction en charge de l'affaire Bonfanti a reçu ce jour de l'Institut de recherche de la gendarmerie nationale le résultat de l'expertise ADN effectuée sur le crâne retrouvé lors des fouilles du 26 octobre 2022. Le profil génétique retrouvé correspond à celui de Marie-Thérèse Bonfanti", a annoncé le magistrat à la presse. 

"Lundi, mon avocat Me Boulloud m'a appelé et m'a dit : 'C'est bien le crâne de votre sœur Marie-Thérèse', témoigne Eugène Saia, frère de la victime, pour TF1info. Nous n'avions que peu de doutes depuis que nous savions qu'un crâne de femme avait été retrouvé à Bussière (en Isère, Ndlr) en octobre dernier, mais nous gardions un peu d'espoir. Cette annonce a été à la fois un soulagement et un coup dur. Ma sœur a été 'retrouvée', mais elle est morte, maintenant, c'est sûr". 

Marie-Thérèse Bonfanti, âgée de 25 ans et mère de deux enfants, avait disparu le 22 mai 1986 alors qu'elle distribuait des journaux à Pontcharra (Isère). Un homme, qui habitait à proximité à l'époque, avait été soupçonné puis relâché et l'enquête s'était soldée par un non-lieu en novembre 1987. Depuis, la famille s'est battue pour connaître la vérité. En mai dernier, le suspect pointé du doigt il y a plus de 30 ans a été de nouveau interpellé et placé en garde à vue. Face aux enquêteurs et confronté à ses contradictions, Yves Chatain, 56 ans, a fini par reconnaître avoir tué Mme Bonfanti. Il a été mis en examen et écroué. 

La question de la prescription

Mais si le meurtrier présumé de Marie-Thérèse Bonfanti est depuis six mois en prison, si le crâne de la victime a été retrouvé et formellement identifié, les proches de la victime doivent encore aujourd'hui faire face à d'autres obstacles, notamment sur la tenue éventuelle d'un procès pour Yves Chatain. 

La justice pourrait en effet se heurter à un problème de prescription si les enquêteurs ne parviennent pas à établir la charge d'enlèvement-séquestration, le crime de meurtre étant prescrit au bout de dix ans. Les avocates d'Yves Chatain ont déposé un recours pour demander l'annulation de la mise en examen de leur client pour enlèvement, séquestration et meurtre, au nom, précisément, de la prescription. 

Un débat juridique complexe aura lieu le 14 décembre prochain sur cette question houleuse. "Si la prescription est validée par la justice, cet homme, qui a reconnu les faits, serait libéré quelques jours après cette audience de décembre, ce serait terrible pour la famille", prédit Me Bernard Boulloud, avocat de la famille Bonfanti. 

Des obsèques pour la victime

L'avocat nous annonce avoir demandé des expertises complémentaires concernant la datation osseuse. "En déposant ce matin, une demande de datation du crâne de Marie-Thérèse Bonfanti, je veux connaître la date exacte du décès. Si le décès a eu lieu plusieurs jours après sa disparition, le 22 mai 1986, l’on pourrait soutenir qu’il y a eu séquestration, suivie de meurtre. En revanche, en théorie, le point de départ de la prescription commencerait à courir à compter du meurtre.  Autrement dit, plus la date du meurtre est retardé, plus le point de départ du délai de la prescription le sera", nous précise l'avocat.

Ces nouvelles expertises vont retarder la restitution du crâne à la famille. "Les démarches de notre avocat sont essentielles. Une fois qu'elles seront terminées, que les résultats sur la datation seront connus, nous souhaitons bien sûr récupérer le crâne de Marie-Thérèse, pour faire notre deuil, et pour lui offrir une sépulture digne d'elle", Eugène Saia, frère de la victime. L'inhumation de Marie-Thérèse Bonfanti devrait avoir lieu, selon lui, à Albertville, en Savoie, où la famille de Thierry Bonfanti, mari de la victime, a un caveau. 


Aurélie SARROT

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