Ghislaine Maxwell, la "rabatteuse" présumée de Jeffrey Epstein, affronte la justice

Publié le 29 novembre 2021 à 10h58
Ghislaine Maxwell est jugée à partir du 29 novembre, à New York, notamment pour trafic sexuel.
Ghislaine Maxwell est jugée à partir du 29 novembre, à New York, notamment pour trafic sexuel. - Source : JOHANNES EISELE / AFP

JUSTICE - Plus de deux ans après le suicide en prison du milliardaire Jeffrey Epstein, accusé de crimes sexuels, le procès de son ex-compagne Ghislaine Maxwell s'ouvre, lundi 29 novembre, à New York. La justice devra éclaircir le rôle de celle accusée d'avoir "fourni" des jeunes filles mineures au financier.

Elle était la "rabatteuse" présumée de Jeffrey Epstein. Soupçonnée d'avoir recruté entre 1994 et 2004 des jeunes filles mineures exploitées sexuellement pour le défunt financier, avec lequel elle a entretenu pendant près de 30 ans une relation amoureuse, amicale et professionnelle jusqu'à ce qu'il soit incarcéré et se suicide en prison en août 2019, Ghislaine Maxwell est jugée à partir de ce lundi 29 novembre, à New York. La fille du magnat déchu de la presse Robert Maxwell est incarcérée aux États-Unis depuis l'été 2020 et encourt la réclusion à perpétuité au terme d'un procès qui doit durer six semaines.  

Décrite par le FBI et les procureurs comme une "scélérate", cultivant l'art de la "manipulation", l'ex-compagne de Jeffrey Epstein se dit innocente et plaide non coupable des six chefs d'inculpation. Elle ne devrait pas s'exprimer à l'audience, ses conseils et ses proches dénonçant un procès inéquitable et l'acharnement du gouvernement américain dans ce dossier.

Un rôle actif dans le réseau d'exploitation sexuelle ?

Pour sa défense, la Franco-américano-britannique de 58 ans, qui a vécu et grandi dans des milieux hyper-privilégiés, se plaint depuis 18 mois de ses conditions de détention dans une prison de Brooklyn. Elle a dénoncé mi-novembre, via ses avocats, dans le journal britannique Mail on Sunday des "agressions depuis un an et demi", le fait d'être privée de sommeil et de n'avoir que de la "nourriture avariée". Ses frères et sœurs ont même saisi, le 22 novembre, à Genève, des experts du groupe de travail de l'ONU sur la détention arbitraire pour dénoncer "de graves violations des droits de la défense" et "des traitements indignes et dégradants" que Ghislaine Maxwell subirait en prison, "où elle est détenue à l'isolement depuis 500 jours de façon injustifiée".

La défense devrait plaider que les crimes présumés remontent à plus de 20 ans - une psychologue éclairera le tribunal sur le phénomène des "faux souvenirs" - et surtout qu'elle est jugée en lieu et place du principal protagoniste, Jeffrey Epstein.

L'accusation, pour sa part, se fonde sur les témoignages de quatre plaignantes anonymes - dont deux n'avaient que 14 et 15 ans, à l'époque des faits - qui racontent avoir été approchées par des "rabatteuses", dont Ghislaine Maxwell, près de leur école ou de leur lieu de travail. Puis, après le cinéma et le shopping "entre copines", les jeunes filles étaient persuadées, pour quelques centaines de dollars, de venir faire un massage, présenté comme non sexuel, à un puissant homme d'affaires new-yorkais, prêt à faire décoller leur carrière. D'après les procureurs, l'accusée aurait également participé aux agressions sexuelles avec Jeffrey Epstein, soit chez elle à Londres, soit chez lui à Manhattan, en Floride et au Nouveau-Mexique.

Affaire Jeffrey Epstein : y a-t-il des victimes en France ?Source : JT 20h Semaine

L'ombre d'Epstein, mais pas que...

L'ombre de Jeffrey Epstein sera évidemment omniprésente, plus de deux ans après son suicide qui a privé ses victimes d'un procès. D'autres noms pourraient être cités : les anciens présidents américains Bill Clinton et Donald Trump, en raison de leur présence répétée à des fêtes new-yorkaises organisés par le milliardaire, et l'ex-agent français de mannequins Jean-Luc Brunel, ami du financier américain, inculpé et écroué à Paris en décembre 2020 pour viols et agressions sexuelles.

Une autre ombre planera sur le procès Maxwell : celle du prince Andrew, un proche du financier américain, cible depuis août d'une plainte distincte pour "agressions sexuelles" déposée par une Américaine, Virginia Giuffre. Cette plainte devrait être examinée fin 2022 devant un tribunal civil à New York, même si le second fils de la reine Elizabeth II n'est pas poursuivi au pénal et nie ces faits qui se seraient déroulés entre 2000 et 2002, lorsque Virginia Giuffre était mineure. Après ce procès, Ghislaine Maxwell devrait aussi être jugée pour parjure pour avoir témoigné en 2016 lors d'une procédure qu'elle avait engagée pour diffamation contre Virginia Giuffre, laquelle l'accuse d'avoir joué l'entremetteuse pour le prince Andrew.


La rédaction de TF1info avec AFP

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