Avec vos cheveux, il dépollue les océans : l'astucieuse initiative d'un coiffeur français

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Publié le 29 octobre 2021 à 21h19, mis à jour le 30 octobre 2021 à 10h23

Source : TF1 Info

IMPACT POSITIF - Thierry Gras, coiffeur à Saint-Zacharie et fondateur de Coiffeurs Justes, récupère les cheveux de plusieurs milliers de salons de coiffure afin de réaliser des boudins qui absorbent les hydrocarbures.

Thierry Gras, coiffeur depuis 30 ans à Saint-Zacharie, milite pour le recyclage des cheveux afin de lutter contre les pollutions d’hydrocarbures dans les océans. Son association, les Coiffeurs Justes, connaît un beau succès avec plus de 5000 salons participants. "Maintenant, je trouve que mon métier a un sens supplémentaire. Du coup, nous les coiffeurs, on n’est pas que des coupeurs de cheveux, on devient des dépollueurs", témoigne Thierry dans le 20 h de TF1 en tête de cet article. 

Tout commence il y a cinq ans, à la fin d’une journée de travail. Thierry a voulu faire des expériences. "Le principe d’une pollution aux hydrocarbures, c’est que ça reste en surface et, le collant d’abord, puis le cheveu, absorbe toute l’huile", explique-t-il en montrant le résultat dans un bac à shampoing. 

Les cheveux sont en effet lipophiles, c’est-à-dire absorbants. Thierry voulait faire un petit peu plus que son métier. "On va sur la lune mais on a oublié de regarder ce qu’on avait sur la tête", sourit le coiffeur. 

Des boudins confectionnés par des personnes en insertion

Il lance sa production en partenariat avec une entreprise. Des filtres en coton sont ainsi remplis de cheveux à la main par seize personnes en insertion. "C’est un peu la valeur de l’association. On a une matière qui ne coûte rien, autant en faire profiter des associations qui en ont besoin", affirme Thierry. "Avec mon handicap, ça m’avait complètement stoppé dans mon cursus professionnel donc je suis vraiment ravie. On a tous droit à une deuxième chance", assure une salariée de l’association. 

Le coiffeur y passe ses soirs et ses week-ends avec l’espoir un peu fou d’envoyer ses filtres en Méditerranée. "Au départ, même les grandes marques de cosmétiques qui étaient dans le cheveu et qui connaissait ses caractéristiques m’ont dit ‘vous êtes fada, comme on dit en Provence, jamais les coiffeurs ne s’impliqueront là-dedans’ et en fait, si", raconte Thierry. 

Cinq tonnes de cheveux en quatre ans

Son hangar est devenu le carrefour des cheveux coupés aux quatre coins de France. "Au départ, quand j’ai rempli le garage de mon père, il m’a dit ‘il faudrait que tu trouves une autre solution parce qu’on ne va plus y arriver, on ne pourra plus fermer la porte’. Tous les jours, ça monte", dit-il devant le tas de colis de cheveux. 

En quatre ans, il en a reçu cinq tonnes. "Il y a toujours des petits mots qui accompagnent. C’est vraiment encourageant. Les gens sont très bienveillants. Je trouve ça merveilleux qu’ils s’impliquent autant"

Son idée a séduit le directeur du port de Cavalaire sur la mer Méditerranée. Si le système de Thierry fonctionne, 150 ports pourraient être équipés dans la région. "Juste au-dessus, vous avez la station essence. Quand les bateaux font le plein, il y a souvent des gouttes qui tombent dans l’eau et là, l’avantage, c’est qu’en mettant des boudins tout le long, on va capter les hydrocarbures de surface qui tombent le long du ravitaillement du bateau", explique Thierry. Un geste gratuit et astucieux au secours de la mer la plus polluée d’Europe. 


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