VIDÉO - Supermarchés : le "mystère" du prix des petits-beurre

par M.G | Reportage TF1 Pierre Corrieu, Alexandra Viera, Fabienne Moncelle
Publié le 29 août 2023 à 18h34

Source : JT 13h Semaine

Le gouvernement avait promis une baisse des prix de l'alimentaire à la rentrée.
Mais on en est encore loin dans les rayons.
L'exemple du célèbre gâteau "petit-beurre", dont le tarif reste élevé malgré une chute du cours du blé, est particulièrement parlant.

Les ménages français attendent impatiemment que les annonces se retranscrivent dans la réalité : les baisses de prix annoncées depuis plusieurs mois peinent à se matérialiser dans les rayons des supermarchés. "Ce n'est pas visible. Pour l'instant, ce n'est pas vraiment visible", soupire une cliente dans le reportage de TF1 ci-dessus.

Contrats peu flexibles, marges et matières premières

Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce retard par rapport aux prévisions du gouvernement, à commencer par les prix des matières premières. S'ils ont commencé à reculer progressivement depuis quelques mois, ils restent à des niveaux extrêmement élevés, eux qui se sont envolés avec la reprise économique post-Covid-19 et la guerre en Ukraine. Sauf à l'aide d'une promotion, impossible de réduire le tarif du jus d'orange quand celui du fruit reste élevé, explique à TF1 Julien Fournier, gérant de l'Intermarché de Parempuyre (Gironde). 

En plus, pour certains produits, des baux longue durée, qu'il est très difficile de renégocier, ont été conclus. Exemple, le papier utilisé pour les fournitures scolaires. "Ce sont des produits négociés six mois en amont. Il y a six mois, le prix du papier naturel était toujours très haut et là, malheureusement, on ne pourra pas faire profiter de sa baisse significative", souligne le commerçant. Dans certains cas, l'explication est plus simple : il y a la volonté de ne pas toucher aux marges. 

Les industriels ont reconstitué leurs marges et ne sont pas totalement d'accord pour les rendre aux consommateurs
Olivier Dauvers

Le petit-beurre, tout ce qu'il y a de plus simple comme gâteau, est l'illustration parfaite de ce constat multifactoriel. Olivier Dauvers, expert de la consommation de la grande distribution qui prend la parole dans notre reportage, l'appelle le "mystère du petit-beurre". C'est simple, selon les calculs de l'agence a3 Distrib, relayés par le spécialiste sur son blog, le prix du blé tendre est passé de 437€ la tonne en mai 2022 à 231€ en août 2023, passant même sous la valeur de référence avant le début de la guerre en Ukraine (245€ la tonne en janvier 2022, soit -6%). 

La flambée soudaine observée au printemps 2022 a déclenché une réaction en chaîne à l'origine d'une bonne partie de l'inflation alimentaire. Mais si le marché reste toujours aussi volatil, il l'est dans des sphères beaucoup plus raisonnables, qui devraient permettre un retour à la normale au niveau des tarifs des produits dérivés du blé. C'est pourtant loin d'être le cas, au contraire. Le prix du "petit-beurre" de la marque phare Lu est passé de 1€ en août 2022 à 1,21€ en août 2023. La même tendance est observée chez les marques premiers prix (de 0,5€ à 0,67€ pour Leclerc, de 0,51€ à 0,68€ pour Auchan). 

"C'est probablement parce que, aujourd'hui, les industriels ont reconstitué leurs marges et ne sont pas totalement d'accord pour les rendre aux consommateurs, et donc pour renégocier avec les distributeurs", pointe Olivier Dauvers au micro de TF1. "Il n'y a pas de baisse significative observée encore en rayon, tout simplement parce que la plupart des industriels, contrairement à ce qu'ils ont dit à Bruno Le Maire le mois dernier à Bercy, ne sont pas encore engagés véritablement dans des renégociations de prix avec les distributeurs", affirmait encore l'expert, en juillet dernier

Pour revenir à une analyse plus globale, à défaut de baisser, les prix de l'alimentation semblent au moins se stabiliser. Une faible consolation pour les ménages. Mais la donne pourrait évoluer dans les prochains mois, Bruno Le Maire réunissant, ce mercredi à Bercy, les enseignes de la grande distribution. Les grands acteurs industriels ont aussi été conviés, le lendemain, par le ministre de l'Économie. Reste à voir si cela suffisant pour amorcer une diminution substantielle des prix. 


M.G | Reportage TF1 Pierre Corrieu, Alexandra Viera, Fabienne Moncelle

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