Sanctions, match à rejouer, soupçon de guet-apens… les questions qui se posent après le report du match OM-OL

Publié le 30 octobre 2023 à 16h40

Source : TF1 Info

Programmé dimanche 29 octobre, "l'Olympico" entre Marseille et Lyon n'a pas eu lieu en raison de graves incidents qui ont émaillé l'avant-match.
Le bus, qui transportait les joueurs et le staff de l'OL, a été caillassé sur la route du stade Vélodrome, blessant sévèrement l'entraîneur Fabio Grosso au visage.
Au lendemain de cette soirée mouvementée, plusieurs questions restent en suspens.

Pas le foot qu'on aime. Trois semaines après l'arrêt du match Montpellier-Clermont, à la suite d'un jet de pétard visant le gardien auvergnat Mory Diaw, la violence est montée d'un cran, dimanche 29 octobre. Le bus qui convoyait la délégation lyonnaise en chemin pour le Vélodrome, en vue du choc OM-OL qui devait clore la 10e journée de Ligue 1, a été caillassé par une horde d'individus. Fabio Grosso, l'entraîneur de l'équipe rhodanienne, a été sévèrement blessé au visage. Une balafre que L'Équipe affiche sur sa Une, lundi 30 octobre, avec une photo de l'Italien, la figure couverte de sang.

Que s'est-il passé exactement ?

Tout s'est passé en l'espace de quelques minutes. Aux alentours de 18h45, sur le court trajet entre l'hôtel et le stade, le bus transportant le staff et les joueurs de l'OL est pris à partie. Malgré la présence d'une escorte policière, dépêchée pour ce match à très haut risque, classé 4 sur 5 sur le barème d'évaluation, l'autocar subit un caillassage nourri. Les projectiles lancés brisent plusieurs vitres. Dans la hâte, le groupe rhodanien échappe, tant bien que mal, à cette embuscade. De longues minutes après, le véhicule, qui porte les stigmates de l'attaque, arrive finalement au Vélodrome, avec des occupants sous le choc. 

À l'intérieur, le staff médical s'affaire autour de Fabio Grosso et de son adjoint Raffaele Longo, tous deux blessés au visage. Le coach italien, visé par une canette de bière, descend du bus, le visage ensanglanté. Vers 19h15, les premières images de l'autocar vandalisé commencent à circuler. Puis des clichés de l'entraîneur lyonnais, soigné dans le vestiaire visiteur. Une douzaine de points de suture lui sont posés pour le recoudre. Plus tard, il apparaît dans les coursives avec un épais bandage blanc. Victime de nombreux vertiges et souffrant de traumatismes multiples, le technicien, blessé au niveau de la paupière gauche, de l'arcade et au-dessus du sourcil, est transféré à l'hôpital pour faire des examens complémentaires. 

Alors que l'incrédulité règne au Vélodrome, on apprend que d'autres bus, au moins trois, ont aussi été attaqués alors qu'ils transportaient une partie des 600 supporters de Lyon, autorisés pour la première fois depuis des années à assister au choc dans la cité phocéenne. Le cortège est assailli, plusieurs vitres sont brisées. Certains fans sont blessés légèrement. Vers 20h40, cinq minutes avant l'heure prévue du coup d'envoi, et après la tenue d'une réunion de crise, l'annonce tombe : "l'Olympico" n'aura pas lieu. Le speaker le fait savoir au public en annonçant l'évacuation des 60.000 spectateurs.

Un guet-apens "prémédité" ?

"Jouer au football est devenu un métier dangereux." Ces mots signés Jeffinho, premier joueur de l'OL à réagir sur X (ex-Twitter), pourraient résumer à eux seuls ce dimanche soir cauchemardesque, qui devrait faire - pour longtemps - du tort au football français. "Ce qu'il s'est passé ce soir, pour nous et notre coach, était au-delà de toute mesure. Je respecte les vrais fans du monde entier mais ceux-là n'en sont pas", a lâché son coéquipier Dejan Lovren. "Ces personnes sont arrivées avec l'intention claire d'engendrer de sérieuses blessures. Cela n'a plus rien à voir avec le football !" Des propos qui, sans le dire ouvertement, laissent penser que l'attaque dont a fait l'objet le bus de l'Olympique lyonnais pourrait avoir été préméditée. 

"Tous les cars de joueurs et supporters peuvent prendre plusieurs itinéraires, qui dépendent de la physionomie de la circulation. Ils sont tous escortés. Il y a aux alentours du stade, forcément du monde à cette heure-là. On ne peut pas vider intégralement la ville", expliquait, dimanche soir, la préfecture de police de Marseille. "Le circuit avait été sécurisé (...) pour éviter les regroupements." Si rallier le Vélodrome prend habituellement 10 minutes, l'autocar lyonnais, lui, a mis 35 minutes à réaliser le trajet. Peut-être à cause de l'itinéraire emprunté par la formation de Fabio Grosso. "Il y avait un itinéraire qui n'était pas l'itinéraire habituel. Il était, semble-t-il, en partie rendu impraticable à cause de travaux, d'après les éléments que j'ai", a expliqué sur BFMTV la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra. Un déroulé des faits que l'enquête devra éclaircir. 

Quand le match OM-OL sera-t-il rejoué ?

À la suite de ces incidents chaotiques, la Ligue de football professionnel (LFP) a acté, après une réunion de crise, l'annulation de la rencontre, programmée à 20h45. À l'heure où nous écrivons ces lignes, le report - option privilégiée - n'a pas été officiellement confirmé. Dans son communiqué, l'instance qui régit la Ligue 1 a informé qu'il appartient à la Commission des compétitions "de se prononcer sur le sort de cette rencontre par application de l'article 544 du règlement des compétitions". Pour sa part, l'OM a dit "se tenir à disposition" pour rejouer le match "dans les meilleurs délais et conditions possibles."

Selon toute vraisemblance, le match devrait être rejoué à une date ultérieure, qui sera définie après l'étude approfondie des calendriers de Marseille, qui joue la Ligue Europa, et Lyon. Arrêté après un jet de bouteille sur Dimitri Payet, le match OL-OM de novembre 2021, déjà reporté, avait été rejoué deux mois plus tard, en février 2022. La Commission des compétitions, qui statuera jeudi 19 octobre, pourrait acter un report au mercredi 6 décembre. Cette date, la première de libre dans le calendrier, semble la plus crédible pour accueillir cette rencontre. Pour l'Olympique de Marseille, elle serait placée entre la réception de Rennes au Vélodrome (week-end du 2-3 décembre) et le déplacement à Lorient (week-end du 9-10 décembre). Pour l'Olympique lyonnais, ce match aurait lieu entre un déplacement à Lens et la réception de Toulouse au Groupama Stadium. Reste à savoir si la rencontre sera disputée au Vélodrome ou délocalisée, jouée à huis clos ou non. 

Quelles sanctions sportives encourt l'OM ?

"Est-ce qu'il n'y a pas une responsabilité des supporters ? Une responsabilité des clubs ?", s'est interrogé, au micro de RMC, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, condamnant des incidents "inacceptables", ayant donné lieu à "9 interpellations". "J'espère qu'il y aura des sanctions administratives et sportives. Ce sera à la Ligue de football de les mener." Pour lui, il n'y a "pas eu de défaillance" de la police, "c'est au club de gérer ses supporters". Sauf que les faits s'étant déroulés en dehors du stade, à 500 mètres du Vélodrome, les clubs ne sont théoriquement pas condamnables sportivement, selon les règlements de la LFP. Donc l'OM, qui a porté plainte, tout comme l'OL, ne peut être tenu pour responsable d'événements survenus sur la voie publique.

La décision de la LFP de saisir la Commission des compétitions, et non celle de discipline, va d'ailleurs en ce sens. En revanche, cette dernière pourrait s'intéresser aux chants et aux gestes à caractère raciste - des mimiques de singes et des saluts nazis notamment - de la part de supporters lyonnais présents dans le parcage visiteurs du Vélodrome. Ces gesticulations "inacceptables" condamnées "fermement" par le club de John Textor pourraient exposer l'OL à des sanctions.


Yohan ROBLIN

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