Mort de Pelé : le jour où le "Roi" a arrêté une guerre

Publié le 30 décembre 2022 à 11h19, mis à jour le 30 décembre 2022 à 19h56

Source : TF1 Info

Edson Arantes do Nascimento, dit Pelé, est décédé jeudi 29 novembre des suites d'un cancer du colon.
Au cours de ses 82 années de vie, l'attaquant de Santos a marqué le monde du football... mais pas seulement.
L'un de ses déplacements au Nigéria, en 1969, aurait entrainé un cessez-le-feu dans un pays alors en proie à la guerre civile.

Une légende sur les terrains et en dehors. Décédé jeudi à l'âge de 82 ans, Pelé restera dans les mémoires comme l'une des figures marquantes du XXe siècle. Entre actions mémorables, buts à la pelle et records de précocité, il est devenu LE symbole du "joga bonito" brésilien. Ses trois Coupes du monde gagnées - avec en point d'orgue ce chef-d'œuvre de Mondial 1970 -restent, en plus, jusqu'ici, un exploit inégalé. Toutefois, ce n'est pas seulement pour ses prouesses sur le terrain que le petit prince de Santos est devenu le "Roi". 

Un match en pleine guerre civile

S'il a profité de sa notoriété, après sa retraite sportive, pour embrasser plusieurs carrières parallèles - acteur, chanteur ou même homme de pub -, il a aussi eu de l'influence en dehors des rectangles verts au moment où il portait encore les crampons.  "Pelé, pendant ces 40 dernières années, c'est devenu un mythe. Grâce à lui, une guerre en Afrique a été arrêtée. Les gens se sont arrêtés de se battre durant trois jours pour le voir jouer", s'exclame un fan brésilien, interrogé par LCI dans la vidéo en tête de cet article. 

Début 1969, le Santos FC et son célèbre numéro 10 entament une lucrative série de matchs en Afrique. Fin janvier, le club de Sao Paulo arrive ainsi au Nigeria pour y jouer deux rencontres... dans un contexte très tendu. Depuis deux ans, ce pays d'Afrique de l'Ouest est dévoré par une guerre civile après la sécession de la région orientale, autoproclamée République du Biafra. Ce conflit est d'ailleurs connu sous le nom de "guerre du Biafra". 

Le mythique club brésilien affronte d'abord la sélection nigériane, le 26 janvier. Lors de cette confrontation face aux Super Eagles, Pelé inscrit un doublé (2-2). Quelques jours plus tard, le 4 février, un deuxième match a lieu à Benin City, dans le sud du pays, proche du Biafra. Santos l'emporte 2-1 contre l'équipe locale. Mais l'essentiel est ailleurs. 

La légende raconte en effet que la présence de Pelé au pays a permis d'établir un cessez-le-feu inédit de 48 heures entre les belligérants. Partout où ils passent, les foules affluent pour voir la star et son équipe. Logiquement, les joueurs s'inquiètent pour leur sécurité, à proximité des combats. Mais Santos obtient un arrêt des combats afin de permettre à la rencontre de se disputer dans de bonnes conditions

Les hostilités ont cessé pour que chacun puisse apprécier la magie de l'équipe du roi Pelé
Santos FC

Sur son site, le Santos FC revient sur cet épisode. "Le 4 février est un jour important dans la prodigieuse histoire de l'équipe de football de Santos. À cette date, l'équipe a mis fin à une guerre au Nigeria", raconte le club. "Ce jour-là, les hostilités (de Biafra) ont cessé pour que chacun puisse apprécier la magie de l'équipe du roi Pelé", ajoute-t-il. "Sa réalisation n'a été décidée qu'après que le club a reçu, des autorités locales, des garanties que leur séjour sur le sol nigérian soit totalement sûr", peut-on encore lire. "Les joueurs ont confirmé que le match s'est déroulé dans le calme, mais dès le décollage de l'avion, il a été possible d'entendre des coups de feu qui ont signalé la reprise des hostilités", conclut la formation.

Je ne suis pas sûr que ce soit tout à fait vrai
Pelé

Toutefois, cet événement et l'effet Pelé semble à relativiser. À commencer par l'idole elle-même : dans son autobiographie (1977), le joueur au plus de 1200 buts en carrière écrit : "mes coéquipiers se souviennent avoir vu les drapeaux blancs et les pancartes 'la paix pour voir Pelé jouer'". Quelques années plus tard, dans un autre ouvrage paru en 2007, il pondère : "Je ne suis pas sûr que ce soit tout à fait vrai, mais les Nigérians ont certainement fait en sorte que les Biafrais n'envahissent pas Lagos pendant que nous étions là", estime-t-il. 

Dans une enquête, Olaojo Aiyegbayo, chercheur d'origine nigériane à l'université d'Huddersfield en Angleterre, va même plus loin. Il explique ainsi n'avoir trouvé aucune trace d'un éventuel arrêt des hostilités à cette date. La guerre, elle, a officiellement pris fin au début de l'année 1970, soit un an plus tard. 


Maxence GEVIN

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