Les autorités japonaises ont appelé l'archipel à se préparer à un éventuel "mégaséisme", au lendemain d'une secousse de magnitude 7,1 jeudi.Le sinistre pourrait se déclencher dans la fosse de Nankai, une faille sous-marine qui a été le point de départ de tremblements de terre dévastateurs par le passé.TF1info fait le point sur ce que l'on sait de cette zone sous haute surveillance.
Jusqu'à 30.000 personnes pourraient être touchées. L'Agence météorologique japonaise (JMA) a émis une alerte au "mégaséisme", vendredi 9 août. "La probabilité que survienne un nouveau tremblement de terre puissant est plus élevée qu'en temps normal", a-t-elle indiqué dans un communiqué. Cet avertissement intervient après une secousse de magnitude 7,1, survenue jeudi, et qui a fait 14 blessés dans le sud du Japon. Une alerte jugée suffisamment sérieuse pour que le Premier ministre Fumio Kishida renonce à un déplacement prévu en Asie centrale.
C'est d'ailleurs la première fois que la JMA émet ce type de mise en garde depuis l'instauration d'un nouveau système d'alerte après le tremblement de terre dévastateur de 2011. Au cœur de cet avertissement : la fosse de Nankai, une faille sous-marine de 800 km de long à l'est du Japon. Le site a été le point de départ de tremblement de terre de magnitudes record - entre 8 et 9 - par le passé.
La fosse de Nankai se réveille "tous les 90 à 200 ans"
La fosse de Nankai (nouvelle fenêtre) se situe dans une "zone de subduction", entre la ville de Shizuoka, à l'ouest de Tokyo, et l'île de Kyushu au sud, explique à TF1info Florent Brenguier, sismologue à l'Institut des sciences de la terre de Grenoble. "Cela signifie que la plaque Philippines glisse progressivement sous le Japon, de l'ordre de dix centimètres par an, l'une des vitesses les plus rapides du monde. Cela crée des contraintes tectoniques de plus en plus fortes". Quand la pression ne peut plus être supportée, la faille se casse et provoque un séisme.
"Cette zone se réveille tous les 90 à 200 ans. Le dernier séisme à cet endroit a eu lieu en 1946, on est donc plutôt dans la fenêtre de tir actuellement", prévient le sismologue. Des portions de la faille rompent assez régulièrement, provoquant de petites secousses. Mais le scénario se dessinant depuis jeudi est bien plus inquiétant : les 800 km de la fosse risquent de se casser au même moment. Le tremblement de terre atteindrait alors une magnitude de 9 sur l'échelle de Richter. C'est ce qui s'est déjà passé en 1707, déclenchant le deuxième plus puissant séisme de l'histoire du Japon.
Ce "séisme dévastateur" reste difficile à anticiper. Les autorités estiment qu'il pourrait avoir lieu d'ici à une semaine, voire un mois au maximum. En 2019, elles prédisaient déjà une probabilité de 70% pour qu'un "mégaséisme" se déclenche dans cette zone dans les 30 ans. Le Premier ministre Fumio Kishida a ainsi plusieurs mesures de précaution mises en place dès vendredi : constitution de kits de survie, vérification de l'état des centrales nucléaires, diminution de la vitesse des trains…
Un risque de mégaséisme qui réveille le traumatisme de 2011
Problème : il est presque impossible de connaître les mouvements de la plaque Philippines ces derniers jours. "Il est possible qu'un glissement silencieux ait déjà commencé. Le sol pourrait avoir commencé à bouger de quelques millimètres", prévient Florent Brenguier, mais ces mouvements sont presque imperceptibles. "Des GPS très précis peuvent être placés au sol, mais leurs analyses prennent énormément de temps."
Reste que le sismologue voit un parallèle entre les événements de ces derniers jours et le séisme de Tōhoku, le 11 mars 2011, qui a fait 15.000 morts, traumatisant les Japonais et sur lequel il avait travaillé. "De petits séismes avaient en quelque sorte annoncé le plus important, de magnitude 9. A posteriori, les chercheurs avaient découvert que la plaque Pacifique, plus au nord que la fosse de Nankai, avaient commencé à bouger bien en amont." Le gouvernement redoute donc un scénario comparable en ce mois d'août, mais, cette fois-ci, sur l'autre plaque de la côte est du Japon, plus au sud.
Si les Japonais sont préparés aux secousses et vivent dans des immeubles aux normes antisismiques, ils craignent davantage le risque de tsunami, avec des vagues pouvant atteindre une trentaine de mètres. La côte est du Japon est donc actuellement en alerte. Selon les experts, 30.000 habitants pourraient être menacés et le montant des dégâts s'élèveraient à près de 13.000 milliards de dollars.