Cold case : 35 ans après, elle cherche toujours sa petite sœur disparue

Crézia Ndongo | Reportage R. Bey, H.P Amar, S. Chevallereau
Publié le 29 mai 2022 à 16h59

Source : JT 20h WE

La petite Charazed Bendouiou a disparu en Isère en 1987.
35 ans plus tard, la benjamine de la fratrie est toujours recherchée par sa famille.
Sa sœur, Férouze Bendouiou, continue le combat.

Cela fait 35 ans que Férouze Bendouiou recherche sa petite sœur, la petite Charazed Bendouiou. En juillet 1987, cette dernière a 10 ans lorsque sa famille constate sa disparition. La fillette sortait les poubelles au pied de son immeuble, au cours d'un paisible après-midi dans le quartier tranquille de la commune de Bourgoin-Jallieu, en Isère.

"Vers 15h, je commence à faire les recherches, sous la pluie", se remémore Férouze Bendouiou, dans un entretien au 20H de TF1 visible en tête de cet article. "On s'attendait à retrouver Charazed avec une entorse, blessée ou endormie", poursuit la grande sœur de l'enfant disparue.

Au moment de la disparition de la petite fille, l'enquête ne mène nulle part et l'affaire est discrètement fermée au bout de deux ans à peine. La famille Bendouiou n'en est pas avertie. "Aux ravisseurs qui l'ont prise, qu'ils la posent et qu'ils partent tout de suite. Nous, on veut notre sœur. Et c'est tout", affirmait déjà, à l'époque, l'aînée de la fillette disparue. 35 ans plus tard, le visage poupin de Férouze Bendouiou est le même. Désormais habitante de Gap, dans les Hautes-Alpes, elle continue le combat. 

Cela fait plus de 30 ans que l'on a pris plus cher que n'importe quel assassin, et on n'a pas fini de payer
Férouze Bendouiou

Bien que lâchée par la justice, la famille a persévéré. Férouze Bendouiou a réussi à faire rouvrir l'enquête sur la disparition de sa petite sœur. Elle a créé l'association "N'oubliez pas Charazed". "Cela fait plus de 30 ans que l'on a pris plus cher que n'importe quel assassin, et on n'a pas fini de payer. Moi, tant qu'elle n'est pas enterrée, dans une tombe décente, - si elle est décédée -, je ne peux pas laisser passer. Ce n'est pas possible", nous confie-t-elle aussi.

Comme pour Charazed, plusieurs affaires de disparition d'enfants sont abandonnées par la justice. Souvent, ce sont les associations et avocats qui prennent le relais pour maintenir ces enquêtes ouvertes. Maître Corinne Hermann, que nous avons rencontrée, représente la famille Bendouiou. Elle alerte sur la posture de la justice face au désarroi des familles. "C'est un dossier emblématique. Les familles n'avaient pas de gros moyens donc on s'en débarrassait facilement." Le visage de Charazed vient s'ajouter à ceux que l'on appelle "Les disparus de l'Isère". 

La liste est encore longue. On y trouve Philippe Mignot, disparu à 13 ans le dimanche 25 mai 1980 à La-Morte-sur-Isère. Ludovic Janvier, disparu à 6 ans le jeudi 17 mars 1983 à Saint-Martin-d'Hères, dans la banlieue de Grenoble. Léo Balley disparu lui aussi à 6 ans, le vendredi 19 juillet 1996, dans le massif du Taillefer, lors d'une randonnée en famille...

Comme Charazed, une dizaine de disparitions d'enfant, remontant aux années 1980, n'ont toujours pas été élucidées. Personne ne saurait dire, à ce jour, si elles sont liées entre elles. Mais Férouze Bendouiou, directement concernée, reste sensible à cette cause. Sur le site de l'association qu'elle a créée, deux onglets sont consacrés aux "enfants recherchés" et aux "affaires non élucidées".  

Disparus de l'Isère
Disparus de l'Isère - Site : association "N'oubliez pas Charazed"

Bernard Valézy, vice-président national de l'association Assistance et recherche de personnes disparues (ARPD), explique face à notre caméra qu'il est nécessaire que les affaires soient relancées. Cela permet, en outre, de lancer de "nouvelles pistes" et d'encourager des témoignages qui émergent des années plus tard. L'enquête sur la disparition de Charazed Bendouiou a été rouverte grâce à Férouze. Mardi 31 mai prochain, Férouze sera reçue avec d'autres familles, au pôle des affaires non résolues, au tribunal de Nanterre. 

Sans doute une lueur d'espoir pour la famille Bendouiou. La justice vient de créer une cellule spéciale consacrée à la reprise de ces enquêtes. 

En janvier 2022, Eric Dupont-Moretti, garde des Sceaux, décrivait les prérogatives de la cellule. Trois juges d'instruction y travaillent, accompagnés de greffiers et de juristes. Tous consacrent "100%" de leur temps à ces dossiers. "Ce pôle doit permettre à ces dossiers de rester vivant judiciairement et d'offrir une réponse aux victimes dont les souffrances sont toujours vives."


Crézia Ndongo | Reportage R. Bey, H.P Amar, S. Chevallereau

Tout
TF1 Info