En Savoie, la tension monte entre différentes corporations de chauffeurs de taxi et de VTC.Il y a quelques jours, à la gare de Moûtiers, point de départ vers les stations de ski de la Tarentaise, deux groupes rivaux se sont affrontés violemment devant des clients.Une équipe de TF1 s’est rendue sur place.
Les images, visibles dans le reportage du 20H de TF1 à retrouver en tête de cet article, évoquent une scène de guerre ou de film d’action. On y voit notamment un chauffeur de taxi se faire agresser à coups de gaz lacrymogène, avant de riposter avec un tir de défense, sous les yeux terrorisés des clients. C’était la semaine dernière à la gare de Moutiers (Savoie), lieu ordinairement paisible devenu, comme chaque hiver ces dernières semaines, le point de départ vers les stations de ski de la Tarentaise. Et ainsi le théâtre d’un conflit violent entre différentes corporations de chauffeurs dans la vallée.
D’un côté, les taxis locaux. De l’autre, les VTC (véhicules de tourisme avec chauffeur). Au centre, la manne financière d’une zone touristique très prisée. Sur le parvis de la gare, Marie-Laure Paris attend désespérément qu’un voyageur grimpe dans son taxi. "Ils ont une réservation avec un transport de personnes hors de Taxi Moutiers. Un Uber ou un VTC, on ne sait pas. Ce sont des clients qu’on perd", déplore-t-elle. La faute à une concurrence très accrue durant l'hiver.
Une course entre Moutiers et les stations de ski peut rapporter jusqu'à 100 euros. Ces trajets attirent des chauffeurs de toute la France et même de l’étranger, qui travaillent le plus souvent grâce à des applications comme Uber. "Je viens de Nice et je suis là pour la saison. Parce que sur la Côte d'Azur, c'est très calme pendant cette période. Donc je viens pour profiter du fait qu'il y ait plus de touristes au niveau des stations de ski", admet volontiers l’un d’entre eux au micro de TF1.
D'après les taxis, ces chauffeurs de VTC ne respectent pas les règles, effectuant par exemple des maraudes autour de la gare pour solliciter des clients. Le chauffeur de taxi Gehad Rejim affirme même être victime de menaces : "Je me suis retrouvé tout seul face à 15 bonhommes. Eux, ils avaient des couteaux de cuisine. Ils prenaient aussi des espèces de grosses pierres. Ils ont commencé à attaquer mon véhicule. On peut voir. Premier coup de couteau, ici. Le deuxième, ici", montre-t-il à notre caméra. Les chauffeurs d'application, eux, accusent les taxis d'avoir crevé leurs pneus.
Dans une volonté d’apaisement, la mairie de Moutiers a organisé une réunion en présence des forces de l’ordre et de la sécurité ferroviaire vendredi dernier, tandis que les contrôles s’intensifient aux abords de la gare, la préfecture de Savoie assurant "suivre le dossier de près"… Ces confrontations s’inscrivent dans un contexte de bouleversement du secteur du transport de personnes : la fameuse uberisation. Ici comme ailleurs, les acteurs traditionnels se sentent menacés économiquement par de nouveaux concurrents réclamant eux-mêmes une régulation pour rentrer dans leurs frais. L’usager, lui, après avoir longtemps basé son choix sur le seul critère du prix, doit à présent prendre en compte celui de sa sécurité.