La Transnistrie, une région aux confins de l’Europe bientôt annexée par la Russie ?

Publié le 27 février 2024 à 12h41, mis à jour le 29 février 2024 à 11h05

Source : TF1 Info

La Transnistrie, une région séparatiste à la frontière entre la Moldavie et l'Ukraine, envisagerait un référendum pour officialiser son rattachement à la Russie.
Ce petit territoire russophone avait déjà unilatéralement proclamé son indépendance en 1990, de peur d'une "roumanisation" de la Moldavie.

La Transnistrie bientôt dans le giron de Moscou ? Déjà sous l'influence du Kremlin, cette minuscule région aux confins de la Moldavie et située à la frontière ukrainienne pourrait demander à être officiellement rattachée à la Russie. Un scénario qui inquiète Kiev, mais également l'UE, lesquels redoutent de voir Vladimir Poutine disposer d'un pied-à-terre aux portes de l'Europe.

Les députés de Transnistrie auraient prévu de se réunir en Congrès ce mercredi 28 février et, selon plusieurs observateurs, un référendum serait à l'ordre du jour. Objectif : voter pour ou contre l'annexion de cette région par la Russie. Une décision qui apparait comme une évidence pour la plupart des habitants de ce bout de terre.

1500 soldats russes stationnés en Transnistrie

Avec à peine 200 kilomètres de long pour environ 20 km de large, la Transnistrie est en effet une minuscule république séparatiste de 470.000 habitants prorusse. Elle a sa propre monnaie (le rouble transnistrien), et son gouvernement et édite ses propres timbres. Officiellement sur la carte de la Moldavie, elle fait cependant cavalier seul. Cette région majoritairement russophone a en effet unilatéralement proclamé son indépendance en 1990, de peur d'une "roumanisation" de la Moldavie, qui cherchait alors à sortir de l'orbite soviétique. Un conflit armé, achevé en juillet 1992, s'est soldé par plusieurs centaines de morts et l'intervention des troupes russes.

Jamais reconnue par la communauté internationale, la Transnistrie peut toutefois compter sur l'aide de la Russie, qui la considère comme une tête de pont non loin des frontières de l'Union européenne. Moscou y stationne en permanence des munitions et une garnison militaire de 1500 hommes, et permet de peser de tout son poids sur Chisinau, la capitale. Ce territoire est, en outre, fortement dépendant économiquement de la Russie, qui lui fournit gratuitement du gaz. Dans un référendum en septembre 2006 dont le résultat n'est pas reconnu internationalement, cette région avait voté à 97,1% pour son rattachement à l'empire de Vladimir Poutine.

Preuve des liens indéfectibles entre cette région - aussi appelée Transdniestrie - et la Russie : les références, multiples, à l'époque soviétique. Une statue de Lénine trône au centre de sa principale ville, Tiraspol, et un buste du père de la révolution bolchevique de 1917 monte la garde devant le bâtiment de la mairie qui a conservé son nom d'origine : la Maison des Soviets. Le drapeau de la Transdniestrie reste frappé des symboles communistes les plus connus : la faucille et le marteau, ainsi qu'une étoile rouge.

Depuis le début de l'invasion russe en 2022 et plus largement depuis la révolution du Maïdan en 2014, la Transnistrie revient régulièrement dans l'actualité. Les autorités moldaves, pro-européennes, ont souvent accusé Moscou de vouloir fomenter un coup d'État en Moldavie. L'armée russe, elle, a accusé Kiev de préparer une "invasion" de ce territoire, promettant une "réponse" en cas d'incident. En mars 2023, le chef des séparatistes, Vadim Krasnosselskiï, avait même affirmé qu'un projet d'attentat avait été ourdi par l'Ukraine contre plusieurs hauts responsables du territoire séparatiste. Kiev avait dénoncé là encore une "provocation" inspirée par le Kremlin.

Cette ex-république soviétique aux ambitions européennes sera-t-elle la prochaine cible de Moscou ? C'est l'avis des services de renseignement américains. Ces derniers estiment que l'armée russe veut, à terme, "étendre le pont terrestre (dans le sud de l'Ukraine) à la Transdniestrie". Les craintes de Chisinau sont en tout cas prises au sérieux par les 27. "La Moldavie étant l'un des pays les plus touchés par les retombées de l'invasion illégale de l'Ukraine par la Russie, nous assistons à une recrudescence des tentatives russes de déstabilisation de la Moldavie par le biais d'actions hybrides", avait déclaré l'an passé Josep Borrell, le chef de la diplomatie de l'Union européenne. Cette dernière a débloqué 40 millions pour financer durant deux une mission civile sur place. Son objectif ? Aider la Moldavie à se préparer à repousser une éventuelle ingérence de la Russie.


Thomas GUIEN

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