La température nocturne de la Lune a chuté en raison de la réduction de l'activité humaine sur Terre pendant le confinement, révèle une nouvelle étude.
L'astre de nuit a perdu jusqu'à deux degrés Celsius durant les mois d'avril et mai 2023, alors que 2,9 milliards de Terriens étaient appelés à rester chez eux.

Seulement 384.400 kilomètres séparent en moyenne la Terre de la Lune. Les deux astres sont intimement liés, ils partagent le même environnement cosmique et s'influencent mutuellement depuis leur origine. Dans une récente étude publiée dans les Comptes-rendus de la Société royale d'astronomie du Royaume-Uni, une équipe de recherche indienne a mis en évidence l’influence que la pandémie de Covid-19 a eu sur la Lune. Selon ces scientifiques, les températures nocturnes de la surface lunaire ont chuté de façon significative en raison de la réduction de l'activité humaine sur Terre pendant le confinement.

Du fait qu'elle n'a pas d'atmosphère, la Lune reçoit une grande quantité de chaleur et de rayonnement du Soleil et présente donc une variation diurne manifeste de sa température de surface, rappellent les auteurs de l'étude. De précédents travaux (nouvelle fenêtre) avaient montré que le rayonnement émis par la Terre peut avoir un impact notable sur les températures qui règnent à la surface de notre satellite naturel. Mais jusqu’ici, personne n’avait étudié ce phénomène dans le contexte inédit d’une pandémie, où toute l’économie planétaire ou presque s’est retrouvée mise à l’arrêt forcé. 

"Notre étude révèle que les changements du rayonnement terrestre (TR) ont une influence mesurable sur la surface lunaire, visualisée par une diminution anormale des températures nocturnes de la surface lunaire entre les mois d’avril et mai 2020", au moment où la moitié de la population mondiale a été contrainte de rester chez elle (nouvelle fenêtre), soit quelque 2,9 milliards de personnes.

Pour arriver à cette conclusion, l’équipe de températures nocturnes de la surface lunaire de six sites différents sur la face proche de la Lune ont été analysées au cours de la période 2017-2023. 

Royal Astronomical Society

Les données ont montré une baisse anormale des températures nocturnes à la surface de la Lune pour tous les sites pendant les mois d’avril et mai 2020 par rapport aux valeurs de la même période au cours des années précédentes et suivantes, indiquent les chercheurs. Grâce à l’orbiteur lunaire LRO (Lunar Reconnaissance Orbiter) de la Nasa, l’équipe a pu obtenir des relevés de températures relativement précis. "Nous avons observé un changement de température nocturne de près de 8 à 10 Kelvin", soit l'équivalent d'amplitude de l'ordre de 2 degrés Celsius.

En raison du manque de données suffisantes et d'une analyse de terrain, les résultats de ces travaux doivent encore être confirmés. Pour cela, il faudra attendre l'installation d'observatoires sur la Lune. Selon l'équipe de chercheurs, ces derniers pourraient servir d'outils pour l'observation des changements environnementaux sur notre planète, comme le font actuellement les satellites du programme d'observation de la Terre de l'Union européenne Copernicus, mais avec plus de recul. 


Matthieu DELACHARLERY

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