EXCLUSIF - "Nous sommes passés très, très près du drame" : de retour en France, l'ambassadeur de France au Niger se confie

par La rédaction de TF1info | Reportage vidéo : Esther Lefebvre, Julien Bervillé et Pascal Marcellin
Publié le 28 septembre 2023 à 19h55, mis à jour le 29 septembre 2023 à 8h27

Source : TF1 Info

L'ambassadeur de France au Niger, Sylvain Itté, a atterri mercredi à Paris, deux mois après le coup d'État qui a porté la junte militaire au pouvoir.
Comment a-t-il vécu ces semaines sous haute tension, reclus dans son ambassade, et ce départ contraint ?
Le diplomate a réservé au 20H de TF1 ce jeudi son premier témoignage depuis son retour en France.

Comme Emmanuel Macron l'avait annoncé dimanche lors de son entretien aux 20H de TF1 et France 2, l'ambassadeur de France au Niger est revenu ce mercredi en France. Une exigence des militaires au pouvoir depuis le coup d'État survenu fin juillet dans le pays : ils avaient retiré un mois plus tard son immunité diplomatique à Sylvain Itté, mais la France refusait jusqu'ici de le rappeler. Le diplomate a accordé ce jeudi sa première interview au 20H de TF1.

Face à notre journaliste Esther Lefebvre, Sylvain Itté confie être "fatigué après deux mois d’extrême tension, mais toujours prêt à continuer (s)a mission". Il raconte les difficiles conditions dans lesquelles il a vécu reclus dans son ambassade, avec des réserves de nourriture ou de gazole pour le groupe électrogène qui s'épuisaient, les entreprises nigériennes qui les livraient ayant été "dissuadées, voire menacées" par la junte militaire. "Il fallait sortir les poubelles sans que nos amis de la junte s’en aperçoivent, explique-t-il. Il s’agissait d’essayer de faire rentrer de la nourriture, de l’eau, là aussi en faisant preuve d’un peu d’ingéniosité". "Très clairement, l’objectif était de me faire craquer, et donc de me faire sortir", ajoute-t-il.

Le diplomate revient aussi sur le choc de l'attaque de son ambassade par des manifestants pro-putschistes fin juillet : "L’attaque a duré plus de 2h30. Ce jour-là, nous étions collectivement en danger et nous sommes passés très, très près du drame, parce qu’il y avait plus de 6.000 personnes qui étaient là pour en découdre, qui étaient là pour rentrer dans l’ambassade".

"Un énorme gâchis"

Dimanche soir, Emmanuel Macron a également annoncé le départ des soldats déployés à Niamey et de ceux encore sur le terrain au nord du pays. "Quand il y a des coups d'État, la France n'interfère pas dans la vie politique des pays", a expliqué le chef d'État interrogé par Anne-Claire Coudray et Laurent Delahousse, avant d'ajouter : "Mettons fin à notre coopération militaire avec les autorités du Niger, car elle ne veulent plus lutter contre le terrorisme"

"Ce putsch est d’abord et avant tout une affaire nigéro-nigérienne, entre un président qui avait décidé de lutter contre la corruption et un certain nombre de généraux qui ne souhaitaient pas que cette lutte contre la corruption aille jusqu’à son terme", estime aussi Sylvain Itté face à notre caméra. "Nous ne sommes, en fait, dans cette affaire que les victimes collatérales, poursuit-il. Aujourd’hui, il n’y a que des perdants. C’est un énorme gâchis."


La rédaction de TF1info | Reportage vidéo : Esther Lefebvre, Julien Bervillé et Pascal Marcellin

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