Quatre hommes ont été mis en examen et écroués à Bordeaux dans une enquête pour viols avec barbarie dans le milieu libertin.Cinq femmes âgées entre 45 et 67 ans, anciennes compagnes de l'un des suspects, sont, à ce jour, recensées comme victimes.Voici ce que l'on fait de cette affaire.
Trois ans d'emprise et de viols collectifs dans une maison isolée et des clubs libertins en Gironde. C'est ce que décrit une victime présumée d'un homme de 55 ans. Quatre individus ont été mis en examen à Bordeaux et écroués dans cette affaire après plus de 18 mois d'enquête, a annoncé, vendredi 11 avril, le parquet de Paris. Les quatre hommes, tous domiciliés en Gironde, sont poursuivis pour viols avec acte de torture et de barbarie, et complicité de ces crimes pour l'un d'entre eux, sur une période courant de 2011 à 2024.

Un coffre-fort et des vidéos au cœur de l'enquête
L'affaire débute en 2023 lorsqu'une femme vient faire un récit glaçant à la gendarmerie. La victime présumée est venue porter plainte contre son ancien compagnon, Christophe B., duquel elle est séparée depuis deux mois. Elle dénonce des viols avec actes de torture et de barbarie et témoigne d'une "stratégie d'emprise" qui aurait permis à son conjoint de lui imposer "plusieurs viols collectifs, filmés" de 2020 à 2023, selon le procureur de la république de Bordeaux, Renaud Gaudeul.
Lors de l'enquête, les gendarmes entendent quatre autres compagnes successives de cet homme, qui ont déclaré avoir subi "des scènes comparables à celles décrites par la première plaignante", indique le procureur. Les gendarmes, eux, mettent la main sur un coffre-fort de Christophe B. contenant plusieurs disques durs. Sur ceux-ci, ils figurent des vidéos, parfois diffusées sur Internet, de viols collectifs présumés.
L'exploitation des images a permis "de considérer que l'absence de consentement des femmes était caractérisée", souligne le procureur. "À plusieurs reprises, des hurlements de douleur étaient entendus", ajoute-t-il. Les investigations ont permis "d'identifier plusieurs autres participants aux faits", selon le parquet, et de localiser le lieu de tournage de certaines vidéos : au domicile du principal mis en cause, dans des clubs libertins de la métropole bordelaise, sur la voie publique, toujours à Bordeaux, mais également ailleurs, dans l'Hérault et dans le Gard.
Une cinquantaine d'auteurs présumés identifiés
Au total, 50 auteurs présumés sont identifiés avec les cinq victimes potentielles pour des faits allant de 1990 à 2023. La plupart de ces hommes disent ne pas avoir conscience d'actes graves. Le principal suspect, travaillant dans la maintenance et présentant un casier judiciaire vierge selon son avocat, nie de son côté toute contrainte lors des actes sexuels.
"Il se perçoit comme quelqu'un qui n'a pas de problématique particulière de violence avec les femmes et qui reconnaît des pratiques, mais indique qu'elles s'inscrivent dans le cadre de pratiques libertines, librement consenties", affirme Me Julien Plouton dans le reportage en tête de cet article.
Les trois autres hommes mis en examen avec Christophe B. sont décrits par l'avocat comme "des participants très récurrents". "Si l'un de ces hommes a fini par admettre qu'il avait conscience de l'absence de consentement de sa partenaire féminine, les autres affirm(ent) le contraire", fait valoir le procureur. Tous encourent la réclusion criminelle à perpétuité.