Gabriel Fortin, le "tueur de DRH", condamné à la perpétuité

par S.M avec AFP
Publié le 28 juin 2023 à 18h26, mis à jour le 28 juin 2023 à 22h05

Source : JT 20h Semaine

Gabriel Fortin a été condamné à la peine maximale devant la Cour d'Assises de la Drôme, ce mercredi.
Il était accusé de trois assassinats et d'une tentative d'assassinat au cours d'un périple meurtrier en janvier 2021.
Il avait été surnommé le "tueur de DRH".

Il est condamné à la peine maximale. La Cour d'assises de la Drôme a condamné, ce mercredi, Gabriel Fortin à la réclusion criminelle à perpétuité pour trois assassinats et une tentative d'assassinat dans un périple meurtrier qui avait choqué le pays en janvier 2021. 

Après 12 jours de procès, les jurés ont considéré que l'accusé de 48 ans, surnommé le "tueur de DRH", était coupable des assassinats d'une cadre de Pôle Emploi, de deux responsables des ressources humaines et de l'agression armée d'un autre DRH. Sa condamnation est assortie d'une peine de sûreté de 22 ans, soit le maximum prévu par la loi, requis par le ministère public. Les jurés ont retenu que des troubles psychiques avaient altéré, au moment des faits, le discernement de cet ingénieur au chômage, sans toutefois appliquer de diminution de peine.

Il a fait "le choix de l'assassinat"

Gabriel Fortin a été reconnu coupable de l'assassinat, le 26 janvier 2021, d'Estelle Luce dans le Haut-Rhin, et de la tentative d'assassinat sur Bertrand Meichel à son domicile, à une quarantaine de kilomètres. Il est aussi reconnu coupable d'avoir assassiné sur leurs lieux de travail, deux jours plus tard, Patricia Pasquion, cadre chez Pôle emploi à Valence, puis moins de trente minutes plus tard, Géraldine Caclin, directrice des ressources humaines de Faun Environnement. Le suspect avait été interpellé dans la foulée. À l'exception de Patricia Pasquion, qui travaillait dans l'agence de Pôle emploi où Gabriel Fortin a été inscrit jusqu'en 2013, les cibles de l'accusé avaient été impliquées dans ses deux derniers licenciements en 2006 et 2009.

Pour l'accusation, la culpabilité de Gabriel Fortin ne faisait "aucun doute", de même que la préméditation. Les avocats de la défense n'ont d'ailleurs pas contesté les faits. L'enquête a largement mis en évidence les liens de l'accusé avec les victimes, ainsi que les preuves scientifiques le reliant aux scènes de crime. Mais, les défenseurs de l'accusé ont plaidé pour une altération du discernement au moment des faits, dans l'espoir de diminuer la peine, suscitant une passe d'armes avec l'accusation. "Il est méthodique, il est organisé, il est adaptatif, il n'est pas fou", donc accessible à une sanction pénale, a asséné l'avocat général Laurent de Caigny en requérant la peine maximale. "Gabriel Fortin n'aime pas qu'on lui donne tort, il est buté, orgueilleux, mais il n'est pas dans un délire paranoïaque". Il a fait "le choix de l'assassinat", a assuré le magistrat, fustigeant sa stratégie de "retranchement".

"S'il n'est pas capable d'excuses, de remords, de regrets, n'est-ce pas parce qu'il a un problème psychiatrique ? Mais la folie fait peur, on ne veut pas la voir", a soutenu l'avocat de Gabriel Fortin, Romaric Chateau. Il a dénoncé des expertises psychiatriques "tronquées" par le silence de l'accusé pendant l'enquête et le manque d'information des médecins. Me Chateau a avancé la thèse d'un "délire paranoïaque" empreint de cohérence chez l'accusé, selon lui déclenché par une série de "traumatismes" professionnels causés à un homme en proie à des "troubles de la personnalité". 

Sa collègue Laetitia Galland a exhorté la cour à "ne pas regarder l'accusé avec notre rationalité" et à "se placer dans sa façon d'appréhender le monde". Celle d'un homme replié dans un isolement déclenché à partir de 2010 par un sentiment d'injustice à la suite d'une "mise au ban de la société" après des licenciements "brutaux". Dans ses derniers mots, très brefs, avant que le jury ne se retire pour délibérer, Gabriel Fortin a répété ce qu'il affirme depuis le début du procès : il s'est dit victime "d'atteintes personnelles", "d'espionnage" et d'une enquête à charge, sans un mot sur les faits jugés. 


S.M avec AFP

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