Crimes sexuels du Hamas : critiquées pour leur silence, les associations féministes se défendent

Publié le 29 novembre 2023 à 16h50

Source : TF1 Info

Les associations féministes sont accusées d'avoir nié ou trop peu condamné les viols et crimes sexuels commis par le Hamas contre les femmes israéliennes le 7 octobre dernier.
Les organisatrices de la marche contre les violences faites aux femmes du 25 novembre sont aussi suspectées d'avoir écarté du cortège des militantes juives.
Dans un communiqué publié ce mardi 28 novembre, elles s'en défendent.

Les associations féministes ont-elles nié ou refusé de condamner les viols, féminicides et violences sexuelles commises par le Hamas sur les femmes israéliennes le 7 octobre dernier ? Des militantes juives venues rappeler ces crimes commis par les membres de l'organisation terroriste ont-elles été exclues de la marche contre les violences faites aux femmes organisée samedi dernier à Paris ? Les accusations en ce sens se multiplient ces derniers jours. La députée Renaissance Caroline Yadan a relancé le débat mardi lors des questions au gouvernement, poussant les associations visées, notamment le collectif NousToutes, à prendre la parole pour se défendre. 

Que leur est-il reproché ? "Les associations féministes (…) auraient dû condamner avec force les viols acharnés, les femmes enceintes éventrées, la nudité carbonisée, les adolescentes exhibées comme autant de macabre trophées. Il n'en a pourtant rien été. Les nouvelles féministes intersectionnelles se sont tues, elles ont balayé d'un revers de main les victimes de ces abominations sous le prétexte évident de leur origine israélienne et juive", a résumé mardi Caroline Yadan lors de sa prise de parole.  

Avant elle, plusieurs personnalités telles que les membres du gouvernement Aurore Bergé (Solidarités et Familles) et Bérangère Couillard (Égalité femmes-hommes) avaient assuré qu'"on ne peut pas être féministe à géométrie variable", "quand ça nous arrange", qu'"on ne trie pas les violences en fonction des conflits, des individus, des nationalités", regrettant la position de certains collectifs. 

La rabbin Delphine Horvilleur avait, elle, questionné le silence des féministes dès le 9 novembre. Quelques jours auparavant,  dans un message posté sur X, l'Etat d'Israël appelait les féministes à "soutenir toutes les femmes israéliennes qui ont été violées, torturées, tuées et kidnappées par les terroristes du Hamas". Ce supposé silence des associations féministes avait même conduit des personnalités féministes ou des associations à ne pas participer à la marche organisée samedi pour la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.

Des crimes condamnés sans ambiguïtés ?

Qu'en est-il ? Le 10 novembre, quelques jours seulement après les premières confirmations et les premiers témoignages faisant état de viols commis par le Hamas le 7 octobre, la Fondation des Femmes réagit. "La Fondation des Femmes condamne sans réserve les crimes sexuels commis par le Hamas, à la suite des attaques terroristes du 7 octobre dernier, dont les témoignages commencent à émerger. Elle exprime sa solidarité la plus totale à l'égard des victimes et de leurs proches", écrit-elle. Sa présidente Anne-Cécile Mailfert fait, le 24 novembre sur France Inter, une chronique dans laquelle elle évoque les "crimes sexistes et sexuels commis par le Hamas contre les femmes", l'une des raisons pour lesquelles elle descendra dans la rue le 25 novembre.

Le collectif Nous Toutes est certainement celui qui est le plus pointé du doigt. Dans un appel au cessez-le-feu publié le 26 octobre sur Instagram (alors que peu de faits de viols sont encore confirmés ou relayés), il disait penser "aux civils palestiniens et israéliens", à "tous les civils victimes de la guerre", à "toutes les femmes violées par les soldats" et condamnait le viol comme "arme de guerre".  Mais il ne mentionnait pas explicitement les femmes israéliennes quand un visuel de leur post était consacré à la situation des femmes à Gaza, "premières victimes de la guerre" selon l'ONU (alors qu'ONU Femmes a également été critiqué pour ne pas avoir condamné clairement le sort des femmes israéliennes). Depuis, aucun post spécifique au conflit entre le Hamas et Israël n'a été fait par l'association.

"Nous combattons sans ambiguïté les crimes sexuels et sexistes, viols et féminicides commis par le Hamas, qui ont particulièrement visé les femmes, les personnes LGBTQIA+ et les enfants", a tenu à faire savoir Nous Toutes dans un communiqué publié le mardi 28 novembre, regrettant la multiplication des "attaques contre le mouvement féministe" et une instrumentalisation de leur lutte. 

Des militantes juives exclues de la marche du 25 novembre ?

La seconde accusation qui vise les associations féministes est d'avoir écarté de la marche du 25 novembre des femmes juives venues condamner les viols commis par le Hamas et dénoncer le silence des féministes à ce sujet. "Ce féminisme à géométrie variable pour lequel les origines importent davantage que les faits criminels a choisi d'exclure samedi dernier l'accès à la marche contre les violences faites aux femmes aux manifestantes venues rappeler la mémoire des femmes victimes du pogrom du 7 octobre", a assuré mardi à l'Assemblée Caroline Yadan. Des accusations déjà formulées par le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Sur des pancartes de ces militantes, on pouvait lire "Silence, le Hamas viole" ou "#MeToo unless you are a Jew".

Mais toujours dans son communiqué publié mardi soir, Nous Toutes explique que si ce groupe a été isolé du reste de la manifestation, c'est parce que, dans ses rangs, "beaucoup d'hommes portaient des gants coqués, ce qui a inquiété les organisations présentes et la police qui y ont reconnu des personnes d'extrême droite. Les CRS ont décidé de les encadrer sur la place de la Nation". Elle assure par ailleurs que "des organisations et des personnes juives féministes étaient présentes aux côtés des autres organisations et collectifs féministes", affirmant qu'il "avait été annoncé que la manifestation porterait aussi cette lutte""Je n’ai aucune raison de penser que les organisatrices aient souhaité exclure le sujet des viols du Hamas de la manifestation, sujet qu’elles condamnent aujourd’hui sans ambiguïté", a ajouté la présidente de la Fondation des femmes.


Justine FAURE

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