Un programme d'intelligence artificielle, mis au point par une équipe française, a permis d'identifier un haut risque d’arrêt cardiaque.
Comment ? Grâce à l'analyse d’un électrocardiogramme de longue durée.
Une avancée notable alors que tous les ans entre 30.000 à 40.000 personnes sont victimes de mort subite en France.

Vers une prédiction de la mort subite chez les adultes ? C'est l'espoir que génère un programme d'intelligence artificielle, mis au point par une équipe française, alors que le taux de survie à ces accidents stagne à seulement 10%. Dans le cadre d'une étude publiée ce dimanche dans European Heart Journal et relayée par Le Monde et Le Figaro Santé, des médecins et ingénieurs de la société Cardiologs, start-up rachetée par Philips, ont développé un réseau de neurones artificiels qui a permis d’identifier les patients à haut risque d’arrêt cardiaque. Plus en détails, ces derniers ont analysé les électrocardiogrammes en continu sur quatorze jours de 248.358 patients ayant bénéficié d’un bilan cardiaque, dans six pays différents. 

"L’enjeu est d’agir en prévention, afin de savoir ce qui se passe dans les heures ou les jours qui précèdent l’arrêt cardiaque", souligne Eloi Marijon, coauteur de l’étude auprès du Monde. Verdict : à l'issue de ces deux semaines, 1104 patients ont connu un trouble du rythme mettant en péril leur pronostic vital, dont 22 sont morts pendant l’enregistrement.

Outre la surveillance à l’hôpital de patients à risque, cette découverte peut conduire à terme à "imaginer des appareils portables comme les Holter ambulatoires ou les montres connectées qui enverraient le signal d’un risque imminent", note toujours auprès du quotidien l'auteur principal de l’étude Laurent Fiorina, cardiologue rythmologue à l’Institut cardiovasculaire Paris-Sud (Massy) et directeur médical de l’intelligence artificielle (IA) chez Cardiologs.

"Des signes d’alerte"

Malgré la stagnation du taux de survie à un arrêt cardiaque, véritable problème de santé publique, la mort subite ne frappe pas si subitement. "Une fois sur deux, elle survient après des signes d’alerte", insiste auprès du Figaro Santé le Pr Éloi Marijon, cardiologue à l’Hôpital européen Georges-Pompidou (APHP - Université Paris Cité), précisant que "les trois quarts des patients qui ont des symptômes les négligent", tels que douleurs à la poitrine ou une perte de connaissance et que "ces signes d’alerte donnent pourtant l’opportunité d’agir à temps pour prévenir la survenue de l’arrêt cardiaque ou améliorer la réanimation immédiate."

D'où la stratégie préventive actuelle qui consiste à essayer de prédire à moyen ou long terme le risque de faire un arrêt cardiaque. Et ce d'autant plus que l’arrêt cardiaque survient le plus souvent chez des personnes qui ne sont pas connues comme ayant une maladie cardiaque. À noter toutefois que ces résultats devront être corroborés par des études complémentaires. À titre de repère, chaque année, entre 4 et 5 millions de personnes sont victimes de mort subite dans le monde, dont 30.000 à 40.000 en France.

Audrey LE GUELLEC

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