Des internautes assurent que Mark Zuckerberg a fait des révélations fracassantes dans un courrier.Le PDG de Meta a bien déploré lundi les "pressions" exercées par l'administration Biden dans le seul cas de l'épidémie de Covid-19.Nous avons passé le document au crible.
En pleine affaire Telegram, les défenseurs d'une "vérité alternative" affirment être "censurés" par Facebook. Pour preuve, ils utilisent ce qu'ils considèrent comme une "lettre d'aveux" de Mark Zuckerberg dans laquelle le patron du réseau social aurait admis "que la censure provenait d'ordres donnés par la Maison-Blanche, avec l'aval en France de notre gouvernement". "Combien de personnes ont-elles été tuées en dissimulant les vraies informations sur les effets des vaccins ?", s'interroge, vendredi 30 août (nouvelle fenêtre), un internaute épinglé à de nombreuses reprises pour avoir partagé de fausses informations.
"Mark Zuckerberg admet que l'administration Biden-Harris a fait pression sur ses équipes pour censurer le contenu des plateformes", écrit également un compte (nouvelle fenêtre) que nous avons identifié comme un relais de la propagande russe. Alors, que nous apprend réellement ce document ?
Des "pressions" pendant la pandémie
Le courrier est bien authentique. Rédigé par le patron de Meta, la multinationale qui possède Facebook, Instagram et WhatsApp, il a été envoyé au président de la commission judiciaire de la Chambre des représentants, Jim Jordan, le lundi 26 août. Il y est notamment question de l'épidémie de Covid-19. Dès le second paragraphe, Mark Zuckerberg explique comment des responsables du gouvernement des États-Unis ont "exercé des pressions répétées" pendant plusieurs mois en 2021 pour que soient supprimés certains contenus concernant le virus, y compris certains usant de "l'humour et la satire".
Mais cette information n'a rien d'inédit. L'administration Biden a toujours reconnu avoir œuvré auprès des plateformes pour qu'elles s'attaquent aux fausses informations sur l'épidémie, (nouvelle fenêtre) le président américain estimant lui-même que la désinformation "tuait des gens ". La Maison-Blanche a d'ailleurs reconnu mardi que sa "position avait été claire et constante" pendant la pandémie qui a tué plus d'un million de personnes aux États-Unis. Toutefois, le patron du géant du numérique explique bien qu'en fin compte, c'est l'entreprise qui a "décidé de retirer ou non le contenu".
Comment ? Non pas de manière arbitraire, ou en suivant les volontés du gouvernement américain, mais en s'appuyant sur les vérifications apportées par la presse et les experts. Comme expliqué dans les directives sur la politique du groupe (nouvelle fenêtre), pour déterminer ce qui constitue une fausse information, Meta s'associe "à des organisations tierces de vérification des faits pour examiner et évaluer l'exactitude des contenus les plus viraux".
Le milliardaire poursuit ensuite sur le cas très spécifique d'une information autour des documents trouvés dans l'ordinateur portable de Hunter Biden (nouvelle fenêtre), le fils du président des États-Unis. Interpellé par le FBI au sujet d'une "éventuelle opération de désinformation russe" à l'approche des élections américaines de 2020, l'entreprise a décidé d'envoyer l'article à des médias spécialisés dans la vérification des faits pour avoir leur avis sur la question.
En attendant une réponse, les équipes ont "déclassé" les publications à ce sujet. C'est-à-dire qu'elles n'ont pas été supprimées, mais que leur visibilité a été réduite auprès des utilisateurs. La presse a toutefois rapidement confirmé l'authenticité de l'information, écartant une quelconque opération de désinformation. Ici, ce que regrette Mark Zuckerberg, c'est donc la situation interne de son entreprise, et non pas une quelconque censure venue de l'extérieur. Dans son courrier, il conclut sur le sujet en expliquant que Meta ne déclassera plus temporairement des informations en attendant qu'elles soient vérifiées.
Par ailleurs, pour comprendre le courrier envoyé par Mark Zuckerberg, il faut prendre en compte la raison pour laquelle il écrit cette lettre. Le document n'est pas adressé à n'importe qui, mais à Jim Jordan. Élu républicain dans l'Ohio, il a pointé du doigt le PDG de Meta dans le cadre d'une enquête en cours qui vise à déterminer quels ont été les accords entre l'administration Biden et les entreprises du numérique. Ce destinataire explique la tonalité de cette lettre. Ce sont d'ailleurs les républicains qui sont membres de cette commission judiciaire qui ont rendu public le courrier, (nouvelle fenêtre) en pleine campagne électorale marquée par une vague de désinformation sur les réseaux sociaux.
En résumé, ceux qui accusent la plateforme de censure sur demande de la Maison-Blanche et du "gouvernement français" tombent dans la caricature. Non seulement le patron de Facebook ne cite jamais l'Élysée, mais il évoque les seules "pressions" du gouvernement américain au moment de l'épidémie Covid-19. Il ne pointe pas non plus une quelconque influence au moment de l'élection présidentielle de 2020, que Donald Trump a encore accusé d'être "truquée". Cette lettre n'a par ailleurs rien d'un séisme. L'influence de Washington sur les réseaux sociaux a déjà été au centre d'une récente affaire devant la Cour suprême. En février dernier, les juges, à majorité conservateurs, avaient reconnu le droit au pouvoir exécutif d'intervenir auprès des réseaux sociaux pour obtenir le retrait de contenus qu'il estime problématiques, notamment en matière sanitaire.
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