VIDÉO - Côtes-d'Armor : le mari incarcéré 13 ans après le meurtre de sa femme est-il un escroc capable de tuer ?

Publié le 27 février 2024 à 18h39
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Source : Sept à huit

Thierry Meunier, l’époux ambitieux et flambeur de Véronique Duchesne, est-il un escroc capable de tuer ?
Treize ans après la mort de sa femme dans les Côtes-d'Armor, l'homme qui clame son innocence a été placé en détention provisoire fin décembre.
Le magazine de TF1 "Sept à Huit" retrace cette affaire pleine de rebondissements.

"Elle a dû être surprise par son agresseur. Et son corps est parti à la mer".  Olivier ne s'en remet pas. Sa sœur, Véronique Duchesne, avait 47 ans lorsqu'elle a été tuée sur le rocher de la Comtesse, dans les Côtes-d'Armor. Un meurtre énigmatique en plein jour, un après-midi de l'automne 2010. Treize ans plus tard, c'est son propre mari, Thierry Meunier, qui est accusé de l'avoir tuée. L'homme a été extradé du Sénégal à la demande de la justice française, et placé en détention provisoire fin décembre. 

Elle s'est mise à boire. Et puis, franchement, je ne la reconnaissais pas du tout. Je voyais qu'elle était malheureuse
Faustine, la fille de Véronique Duchesne

C'est dans un bar de Poitiers que Véronique le rencontre. Elle est divorcée, lui aussi. "Je le trouvais plutôt sympathique, accueillant. Il connaissait plein de choses et il parlait beaucoup, donc ça s'était bien passé", raconte sa sœur dans le reportage de "Sept à Huit" à retrouver en tête de cet article. Thierry Meunier travaille dans l'immobilier et a des envies de grandeur. Il propose alors à Véronique de vendre sa maison et avec ses 220.000 euros, ils achètent ensemble des biens qu'ils mettent en location. Ils investissent aussi dans deux bars à Poitiers, inaugurés en grande pompe en 2007. "Wow ! Ils s'étaient acheté le bar, il y avait plein d'appartements. Ils avaient aussi acheté un bateau à Royan, avec un rooftop comme à Saint-Tropez. J'étais contente pour ma sœur et fière de ce qu'elle arrivait à construire avec ce nouveau mari", reconnait sa sœur.

Malgré cette image idyllique, Didier Lambert, le directeur de l'un des deux bars, dresse un portrait beaucoup moins flatteur de Thierry Meunier. Celui d'un flambeur et d'un piètre gestionnaire. "Il venait un peu en nabab. Il y avait des amis qui arrivaient à sa table. Et puis toute la soirée, il payait des coups. C'était champagne. A 2 h du matin, je faisais la caisse et il arrivait, il mettait la main dans la caisse, il prenait des billets. Et il disait : 'T'inquiète pas, je sais ce que je fais'. C'était assez souvent", affirme-t-il. Un an après leur ouverture, les deux bars font faillite. 

En 2009, le couple est endetté à hauteur d'un million d'euros et décide de s'installer à Saint-Quay-Portrieux, dans les Côtes-d'Armor, là où Véronique a grandi. Faustine, sa fille aînée, se souvient que sa mère n'est alors plus que l'ombre d'elle-même. "Elle est en train de dépérir en fait. Déjà, elle s'est mise à boire. Et puis, franchement, je ne la reconnaissais pas du tout. Je voyais qu'elle était malheureuse", lâche-t-elle. Olivier, le frère de Véronique, renchérit : "Elle était amaigrie et soucieuse. J'ai même été jusqu'à lui prêter de l'argent".

Frappée puis étranglée

Véronique Duchesne disparait le 6 octobre 2010. Elle a été aperçue pour la dernière fois par un baigneur au bout de l'île de la Comtesse, en face de Saint-Quay-Portrieux, un livre à la main. Le lendemain matin, Thierry Meunier signale la disparition de sa femme aux gendarmes. Trois jours plus tard, des pêcheurs trouvent, à une quinzaine de kilomètres plus au nord, le corps de Véronique flottant à proximité du rivage. Sa fille Faustine pense immédiatement à un suicide. "Tout le monde savait qu'elle n'allait pas bien et Thierry Meunier nous conforte dans cette idée-là", avance-t-elle. Mais rapidement, les médecins remettent en cause l'hypothèse de la noyade. L’autopsie révèle en effet de nombreux hématomes, une fracture du nez et un traumatisme du cou. Un scénario criminel se dessine : Véronique a été frappée puis étranglée. 

Trois mois après la mort de sa femme, Thierry Meunier est placé en garde à vue, mais aucun élément matériel ne le relie au crime. Il est laissé libre, toutefois les enquêteurs continuent de le surveiller et découvrent que deux mois après la mort de Véronique, l'homme a noué une relation amoureuse avec une femme fraîchement divorcée et bénéficiaire d'un petit héritage.  En 2013, le couple s'installe au Sénégal, y ouvre un hôtel et un restaurant. Mais après quelques années, la nouvelle compagne est ruinée et le couple se sépare. En Bretagne, les enquêteurs sont convaincus que Thierry Meunier est un escroc qui utilise les femmes pour leur argent. Et que ce mode opératoire l'aurait conduit jusqu'au meurtre. 

Lors de l'enquête, "des éléments sont apparus quant à une relation compliquée" entre les deux époux, a indiqué le magistrat, précisant que le mari avait déjà été condamné pour des faits d'abandon de famille, d'abus de confiance et de fraudes aux prestations sociales. "Véronique Duchesne s'est retrouvée acculée (...) C'est elle qui allait être poursuivie pour les escroqueries et les abus de confiance puisque c'est elle qui était à la tête des sociétés. Elle a pu dire à Thierry Meunier : 'Stop ! Je ne veux pas prendre ta place, je vais te dénoncer'. Et là, elle devient une menace et un obstacle pour lui", explique Jean-Guillaume Le Mintier, l'avocat de la famille de Véronique. 

À Saint-Brieuc, une nouvelle juge d'instruction, la quatrième dans le dossier, va partager la conviction de la famille de Véronique Duchesne. En décembre dernier, Thierry Meunier est mis en examen pour meurtre sur conjoint et incarcéré. Mais l'homme continue de clamer son innocence. "Il n'y a pas la trace d'un élément qui accuse mon client. Pas plus aujourd'hui qu'hier. En fait, ce qu'on n'a pas supporté, c'est qu'à Saint-Brieuc, on a un cold case qui ramène à une incapacité du parquet à trouver celui qui a tué Véronique Duchesne en plein après-midi sur une plage", rétorque l'avocat de Thierry Meunier. 

La justice a récemment ordonné une expertise psychiatrique de son client. En attendant, il est toujours présumé innocent. S'il était renvoyé devant une cour d'assises pour le meurtre de son épouse, Thierry Meunier encourrait la réclusion criminelle à perpétuité. 


Virginie FAUROUX

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