Économies sur la santé : ce que vous allez ou pourriez bientôt payer plus cher

par Hamza HIZZIR | Reportage TF1 Johan Mavié, Gilles Parrot
Publié le 27 mars 2024 à 11h56

Source : JT 20h Semaine

La France est l'un des pays au monde qui consacre le plus d'argent à la santé, avec des résultats très inégaux.
Face à l’envolée du déficit public, le gouvernement envisage de réduire certaines dépenses et a déjà pris des mesures.
On fait le point sur les sources d'économie qui s'annoncent.

"Le médicament, ça ne peut pas être open bar, a lâché Bruno Le Maire mardi sur les ondes de RTL. Ce n’est pas de la roupie de sansonnet, c’est beaucoup d’argent." Le déficit pour l'année 2023 s'élève à 5,5 % du PIB, nettement au-dessus des 4,9% espérés par le gouvernement. Le ministre de l’Économie est, lui, déterminé à redescendre sous la barre des 3% à l’horizon 2027. Dans son viseur : les dépenses de santé du pays, passées de 200 à 250 milliards d’euros entre 2017 et 2024. Dans le reportage du JT visible en tête de cet article, TF1 vous détaille les pistes envisagées pour les réduire.

La première d’entre elles entrera en application ce dimanche 31 mars. Il s’agit du doublement de la franchise médicale, c’est-à-dire l’augmentation de 50 centimes à un euro du montant déboursé pour chaque boîte de médicament, pour permettre à l’État de récolter plus d’un milliard d’euros. Et afin de limiter les dépenses de la Sécurité sociale, le reste à charge pourrait encore grimper prochainement, sans que l’on sache à quelle hauteur… "J’ai trois enfants, ça nous fait une bonne trentaine de boîtes en tout. C’est un peu dur", réagit la cliente d’une pharmacie dans la vidéo en tête de cet article.

Le gouvernement s'attaque aussi au transport sanitaire, qui coûte 5,5 milliards d'euros à l'Assurance-maladie. À la fin du mois, le reste à charge du patient passera de deux à quatre euros par trajet. Le gouvernement veut ainsi promouvoir le transport partagé pour réduire la facture de plusieurs centaines de millions d'euros d'ici à 2027, même si cela implique une remise en cause du modèle économique de nombreux chauffeurs de taxi, très en colère. "La personne dont les fins de mois sont déjà très difficiles, elle va maintenant réfléchir à deux fois avant d’aller se soigner", pointe en outre, au micro de TF1, Jamila Hedjal, présidente de l’association de patients France Sepsis.

Bruno Le Maire a également évoqué mardi la possibilité de fixer les remboursements selon les revenus des malades. Dit autrement : plus le patient est aisé et consomme de médicaments, moins il serait remboursé. Un principe qui a provoqué une levée de boucliers (et un rétropédalage du ministre quelques heures plus tard selon BFMTV). "Je rappelle que dans notre système de solidarité, on cotise selon nos moyens et on est remboursé selon nos besoins. Or, là, on fragiliserait tout le budget de la caisse d’Assurance-maladie, en plus d’instaurer un nouvel impôt", souligne le docteur Jean-Paul Hamon, médecin généraliste et président d’honneur de la Fédération des médecins de France (FMF), dans le reportage de TF1 en tête de cet article.

La dernière piste consiste, elle, à traquer les arrêts maladies, jugés encore trop nombreux, et trop chers, par le gouvernement. Les indemnités journalières versées par la Sécurité sociale lui ont coûté 16 milliards d’euros en 2022, soit une hausse de 60% par rapport à 2010. Au total, on a dénombré 8,8 millions d’arrêts maladie en 2022, contre 6,4 millions il y a dix ans, alors que les Français ne sont pas davantage malades qu’en 2012. Quelque 5.000 médecins, soupçonnés d’en prescrire trop facilement (deux à quatre fois plus que leurs confrères), recevront bientôt la visite de contrôleurs dédiés.


Hamza HIZZIR | Reportage TF1 Johan Mavié, Gilles Parrot

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