Un collège de botanistes du monde entier a décidé de débaptiser plusieurs plantes dont le nom était jugé "problématique".
Sont notamment concernées toutes celles qui s'appelaient "caffra", un terme raciste au moment de l'apartheid.
Ce grand mouvement pourrait ne pas s'arrêter là et s'étendre bientôt aux animaux.

Après les romans d'Agatha Christie et les James Bond, c’est au tour des plantes d'être "repensées" à l'aune des sensibilités contemporaines. La presse britannique révèle qu’à la veille du 20ᵉ Congrès international de botanique qui s’ouvre ce dimanche à Madrid, les botanistes du monde entier ont voté pour débaptiser des plantes qui possèdent un nom à consonance raciste. "Il s’agit d’une première étape absolument monumentale dans la résolution d’un problème qui est devenu un véritable problème dans la botanique et dans d’autres sciences biologiques", déclare à The Observer Sandy Knapp, botaniste au Muséum d’Histoire Naturelle de Londres qui a présidé les débats.

l'Erythrine caffra, un arbuste à la floraison rouge corail, qui deviendra l’Erythrine affra à partir de 2026
l'Erythrine caffra, un arbuste à la floraison rouge corail, qui deviendra l’Erythrine affra à partir de 2026 - ISTOCK

À 351 voix contre 205, ses collègues ont décidé de supprimer "caffra", un terme péjoratif utilisé pour désigner la population noire, notamment au moment de l'apartheid en Afrique du Sud. Pas moins 200 espèces sont visées parmi lesquelles l'Erythrine caffra, un arbuste à la floraison rouge corail, qui deviendra l’Erythrine affra à partir de 2026. 

Les botanistes ne comptent pas s’arrêter là. Ils souhaitent en effet trouver une solution pour rebaptiser des plantes dont le nom est lié à des personnalités aujourd’hui jugées "problématiques". C’est le cas de George Hibbert, un homme politique et marchand britannique du XVIIIe siècle, botaniste amateur. Membre du lobby pro-esclavagiste en son temps, il a donné son nom à l’Hibberta, un arbuste grimpant originaire d’Australie.

Après les plantes, les animaux ?

The Observer souligne que ce mouvement de révision pourrait prochainement s'étendre aux animaux. Ce pourrait être le cas de l’Anophthalmus hitleri, une espèce de coléoptères cavernicoles. Découvert en Slovénie en 1937, elle a été baptisée ainsi par l’entomologiste autrichien Oskar Scheibel afin d’exprimer sa "vénération" au Führer. Ce dernier lui aurait alors écrit pour lui exprimer sa gratitude.

Le problème se pose également pour l'Hypopta mussolini, un papillon découvert en Libye et nommé ainsi en hommage au dictateur Italien Benito Mussolini. Malgré la polémique qui dure depuis déjà plusieurs années, la Commission internationale de nomenclature zoologique s’oppose à tout changement pour le moment.

Donner le nom d'une célébrité n'est pas toujours flatteur. En 2018, une société britannique a en effet nommé une espèce d'amphibien aveugle du Panama le "donaldtrumpi", en référence au climato-scepticisme du président Donald Trump. Enfin, en 2022, un chercheur américain a lui baptisé une nouvelle espèce de millepattes, le "nannaria swiftae", en hommage à la chanteuse Taylor Swift… au motif que sa musique l'avait aidé à surmonter des moments difficiles.


Jérôme VERMELIN

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