Nucléaire : la Russie impose à l'ONU la fin de la surveillance des sanctions contre la Corée du Nord

par JC avec AFP
Publié le 29 mars 2024 à 11h48

Source : TF1 Info

La Corée du Nord est soumise depuis 2006 à des sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU liées à son programme nucléaire.
Depuis 2019, la Russie et la Chine réclament l'allègement de ces sanctions, qui n'ont pas de date de fin.
Moscou a pris pour cible le comité d'experts chargé de surveiller l'application de ces mesures et mis son veto jeudi à un projet de résolution prolongeant d'un an le mandat de ce comité.

C’est un coup de force fustigé par les États-Unis et ses alliés, dénonçant la protection mutuelle entre la Russie et la Corée du Nord. Moscou a imposé jeudi la dissolution du système de surveillance des sanctions de l'ONU contre Pyongyang et son programme nucléaire.

La Corée du Nord est soumise depuis 2006 à des sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU liées à son programme nucléaire, renforcées plusieurs fois en 2016 et 2017. Mais, depuis 2019, la Russie et la Chine, mettant notamment en avant la situation humanitaire de la population nord-coréenne, réclament l'allègement de ces sanctions, qui n'ont pas de date de fin.

N'ayant pas obtenu gain de cause, les Russes ont pris pour cible le comité d'experts chargé de surveiller l'application de ces mesures, comité dont les rapports font référence. Malgré plusieurs reports du vote pour permettre des négociations, la Russie a ainsi mis son veto jeudi à un projet de résolution prolongeant d'un an le mandat de ce comité. Le texte a recueilli 13 voix pour, la Chine s'étant abstenue.

Pyongyang continue de "bafouer les sanctions”

L'ambassadeur russe Vassili Nebenzia a justifié ce veto en estimant que, dans les conditions actuelles, le comité n'a plus lieu d'être, se concentrant sur "des questions sans intérêt pas à la mesure des problèmes auxquels fait face la péninsule". Il avait à la place proposé au Conseil une réévaluation du régime des sanctions. "S'il y avait un accord pour un renouvellement annuel des sanctions, le mandat du comité d'experts aurait un sens", a-t-il expliqué. Cette proposition est soutenue par la Chine.

Dans son dernier rapport de 600 pages début mars, le comité d'experts souligne que la Corée du Nord continue de "bafouer les sanctions du Conseil de sécurité", notamment en développant son programme nucléaire, en lançant des missiles balistiques, en violant les sanctions maritimes et les limites d'importations de pétrole. Le comité affirme d'autre part avoir commencé à enquêter sur "des informations" faisant état de l'exportation par la Corée du Nord "d'armes conventionnelles et de munitions" en violation des sanctions, notamment vers la Russie.

Une "décision irresponsable"

Plusieurs pays ont dans la foulée dénoncé le veto russe. "Ce qu'a fait la Russie aujourd'hui avec cynisme sape la paix et la sécurité dans le monde, tout cela pour favoriser un troc vicié que Moscou a scellé" avec Pyongyang, sur de l'armement notamment, a réagi Matthew Miller, porte-parole du département d'État américain. De son côté, Séoul a qualifié de "décision irresponsable" ce veto de la Russie dans un communiqué du ministère sud-coréen des Affaires étrangères.

Ce veto "est en fait une admission de culpabilité. Moscou ne cache plus sa coopération militaire avec la Corée du Nord (...) ainsi que l'utilisation d'armes nord-coréennes dans la guerre contre l'Ukraine", a commenté sur X le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba. C'est "une tentative visant à dissimuler des transferts illégaux d’armes entre la Corée du Nord et la Russie", a pour sa part averti l'Union européenne. "La Russie a désormais utilisé son veto pour mettre un terme à deux comités d'experts, en raison du développement de ses relations militaires avec ces gouvernements", ont dénoncé dans un communiqué commun États-Unis, France, Japon, Corée du Sud et Royaume-Uni, en référence au Mali. En août dernier, témoignant de son soutien à Bamako, la Russie avait en effet bloqué une résolution qui aurait prolongé le mandat des experts ayant rendu des conclusions accablantes pour la junte malienne et ses "partenaires de sécurité étrangers".

La Chine a pour sa part déclaré ce vendredi qu'elle refusait de "soutenir aveuglément les sanctions" contre la Corée du Nord. "La situation actuelle dans la péninsule de Corée reste tendue et imposer aveuglément des sanctions ne peut pas résoudre le problème", a indiqué Lin Jian, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois. 


JC avec AFP

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