• Depuis 2020, des orques adoptent un comportement étrange en attaquant des bateaux au large de l’Espagne, du Portugal ou même de la Bretagne.
  • Une équipe de recherche française est arrivée à la conclusion qu'il ne s'agit ni d'une agression, ni d'une vengeance.
  • Regardez ce reportage du 20H de TF1.

C'était donc un jeu. Depuis 2020, les attaques d'orques ciblant des voiliers (nouvelle fenêtre) se sont multipliées au large des côtes de l'Espagne. Au total, une dizaine de voiliers ont été coulés en quatre ans. Le dernier en date, c’était le 12 mai dernier (nouvelle fenêtre). Jusqu’ici, les chercheurs n’étaient pas en mesure d’expliquer avec certitude ce qui provoque ce comportement. Grâce à des observations, des biologistes français ont pu confirmer qu’il ne s'agissait ni d'une vengeance ni d'une agression (nouvelle fenêtre), comme on a pu l'entendre parfois. Leurs travaux de recherches ont été publiés ce mois-ci dans la revue scientifique Plos One.

À l’occasion d’une expédition dans le détroit de Gibraltar, une équipe de reportage de TF1 a pu embarquer avec les experts de l’Institut Sirsé pour observer ce phénomène. Dans la vidéo en tête de cet article, sur des images filmées depuis un drone, deux orques à l'arrière du navire s’approchent du gouvernail et le poussent avec leur museau. Sous l'eau, on entend les cétacés émettre des petits cris, comme s'ils étaient en train de rire. "C’est vraiment le plaisir qu’ils retirent à jouer ensemble. Ça bouge au moment où ils appuient dessus, et ce qu'on voit bien, c'est que les orques qui sont autour, ceux qui ne poussent pas, ils regardent", nous explique Christophe Guinet, biologiste du CNRS.

Plus de 600 attaques en quatre ans

Depuis l’été 2020, plus de 600 attaques d'orques contre des voiliers ont eu lieu au large des côtes de l'Espagne. Les attaques se concentrent pour l'essentiel dans le détroit de Gibraltar, mais on en a aussi observé quelques-unes au large du Portugal et dans le golfe de Gascogne, ainsi qu'en Bretagne (nouvelle fenêtre). Cela s'explique par le fait que les orques se déplacent pour poursuivre les bandes de thons dont ils se nourrissent. Jusqu'à ce jour, ces interactions n'ont fait aucune victime. Mais pour ceux qui l'ont vécue, c’est une expérience traumatisante.

En 2023, Lucile Leprince et son compagnon ont eu la peur de leur vie. Dans notre reportage, la jeune femme relate cette rencontre pour le moins déroutante. Ce jour d'août, des cétacés se sont mis à casser le safran du gouvernail de leur navire. "On a eu peur. Pendant un quart d’heure environ, les orques étaient au niveau du safran et croquaient dedans les unes après les autres. À partir du moment où le safran a été cassé, elle l’avait sur le bout du nez à la manière d’une otarie avec un ballon", raconte-t-elle. 

Ces mammifères marins de la famille des cétacés peuvent mesurer 7 à 8 mètres de long.

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Selon les scientifiques, ce comportement s'est développé par mimétisme. "Initialement, on pense que c'était trois jeunes individus mâles qui étaient impliqués dans ces interactions physiques. Très rapidement, ce comportement s'est propagé  au sein de la population. Là, ce sont vraiment des familles entières", souligne Christophe Guinet. "À ma connaissance, c’est une situation unique au monde", ajoute le scientifique. En cas de rencontre, la recommandation est de ne pas stopper le bateau et de longer les côtes au plus près afin de laisser les orques inventer d'autres jeux, à l'écart des hommes.

M.D. | Reportage : Michel Izard et Nathalie Laurent

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