Autisme : les troubles ORL pendant l'enfance, un signe annonciateur ?

Publié le 28 avril 2023 à 19h03

Source : Sujet TF1 Info

Une étude établit un lien entre troubles ORL chez l'enfant et risque d'apparition d'autisme plus tard.
Ses auteurs y voient un espoir de faire la lumière sur les origines de ce trouble développemental.
Les affections ORL n'en restent pas moins fréquentes pendant l'enfance, indépendamment de tout lien avec l'autisme.

Avoir des problèmes d'oreille, de nez ou de gorge étant enfant est-il un signe avant-coureur de troubles autistiques ultérieurs ? C'est, en substance, ce que pointe une étude publiée dans la revue BMJ Open ce lundi. Il en ressort que la manifestation d'affections de la sphère ORL au cours de la petite enfance pourrait être associée à un risque d'apparition d'autisme plus tard, selon les auteurs. Ces derniers se sont appuyés sur des données issues d'une étude menée dans les années 1990 auprès de 14.000 enfants de leur naissance à leurs quatre ans.*

Plus en détail, les premiers signes de troubles ORL, tels que la respiration par la bouche, le ronflement, le tiraillement d'oreille, les écoulements de l'oreille ou encore la mauvaise audition pendant un rhume se sont révélés souvent associés à chacun des quatre traits de l'autisme, et à un diagnostic de l'autisme, soulignent ces travaux dont le site Pourquoi Docteur s'est fait l'écho cette semaine.

"Des marqueurs précoces"

Des tests par âges ont par ailleurs révélé de fortes associations entre troubles ORL et troubles autistiques chez les enfants âgés de 30 à 42 mois. Ainsi, les enfants recueillant des scores élevés sur les traits autistiques à 30 mois manifestaient plus de signes ORL que les autres tandis que l'autisme, en soi, était associé à tous les symptômes ORL, à l'exception de l'apnée du sommeil.

Ces résultats "peuvent être importants car ces signes auditifs et respiratoires peuvent être des marqueurs précoces d'un risque accru d'autisme", commentent les chercheurs qui y voient un espoir de faire la lumière sur les origines de ce trouble développemental, tout en soulignant plusieurs limites à leurs travaux. Il n'est notamment "pas possible de déterminer si ces affections ORL ont un rôle causal dans le développement de traits autistiques ou sont liées à un facteur non mesuré." Et de détailler : "Une possibilité, par exemple, pourrait être la conséquence de la prévalence accrue de troubles physiques mineurs. Des anomalies chez les personnes autistes, y compris des différences anatomiques dans la structure et/ou le positionnement de l'oreille, ces différences dans la morphologie de l'oreille augmentant le risque de pathologies ORL".

De plus, "ces signes et symptômes ORL sont très fréquents dans l'enfance et la plupart (1.660 dans les résultats de l’étude) des enfants qui les ressentent ne sont pas diagnostiqués autistes par la suite", insistent les chercheurs qui évoquent également l'absence de suivi de certains enfants, comme c'est souvent le cas pour toute étude à long terme, et le manque de diversité ethnique, limitant la portée des résultats. Enfin, l'étude en question se base sur une méthode d’évaluation établissant la probabilité d'un diagnostic à partir d'une variété de sources, sans que les enfants concernés n'aient été directement examiner pour conforter le diagnostic d'autisme.

* L’étude en question, de cohorte et menée par l’université de Bristol, s’est intéressée aux enfants nés dans l’ancien comté d’Avon (d’où son nom : ALSPAC, pour Avon Longitudinal Study of Parents and Children) au cours des années 1991 et 1992.


Audrey LE GUELLEC

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