La Répression des Fraudes sévit et vient d'infliger une sévère amende au groupe E.Leclerc.Le premier distributeur alimentaire français est accusé d'avoir dépassé la date limite de négociations avec des fournisseurs.Les syndicats agricoles se félicitent de cette sanction.
C'est une sanction historique. La Répression des Fraudes vient d'infliger une amende d'un peu plus de 38 millions d'euros, la plus élevée prononcée dans ce genre de dossier au premier distributeur alimentaire français, E.Leclerc. Que reproche-t-on à l'enseigne ? Alors qu'industriels et distributeurs ont normalement jusqu'au 1er mars pour s'accorder sur les prix, cette date a été avancée au 31 janvier cette année. Or, la centrale d’achat du distributeur, établie en Belgique, a continué à négocier après cette date, probablement pour accentuer la pression sur ses fournisseurs. Contacté, le groupe Leclerc n'a pas répondu à nos questions.
Parmi les acteurs de l'agroalimentaire contactés par TF1, un seul a bien voulu s'exprimer, mais sous couvert de l'anonymat. "Cette amende, c'est l'exemple du déséquilibre dans le rapport de force entre les industriels et les grandes surfaces", explique cet industriel dans le reportage en tête de cet article. Et voici pourquoi, selon lui, le combat est inégal : "On ne représente que 2% de leurs ventes, alors qu'ils représentent 20% de notre chiffre d'affaires, ils sont beaucoup trop puissants".
"C'est juste qu'il y ait une sanctions"
Les syndicats agricoles se félicitent de cette sanction. "C'est un message fort, c'est un message qui était attendu, qui était indispensable pour l'ensemble de la chaine", a réagi auprès du journal de 13h de TF1 ce mercredi, Laurence Marandola, porte-parole de confédération paysanne. "Nous évidemment ce qui nous soucie beaucoup c'est de préserver le revenu, que le prix payé aux producteurs soit enfin le prix de revient, qu'on arrête de travailler à perte", poursuit-elle.
Pour Caroline aussi, éleveuse de vaches laitières dans le Nord qui avait participé aux manifestations du monde agricole en début d'année, l'amende infligée à Leclerc est une bonne nouvelle. "C'est juste qu'il y ait une sanctions, nous sur nos fermes ont est régulièrement contrôlés aussi, si on ne respecte pas on est sanctionnés, c'est normal qu'ils le soient aussi, j'espère vraiment que c'est pas un effet d'annonce, et il était temps que les contrôles aient lieu", explique-t-elle dans le reportage en tête de cet article.
Pour calmer la crise agricole du début d'année, la DGCCRF avait renforcé les contrôles des négociations commerciales. L'objectif est de faire respecter la loi EGalim. Votée en 2018, elle était censée protéger la rémunération des agriculteurs. Mais certains géants de la grande distribution ont trouvé la parade pour contourner la loi. Au lieu d'acheter leur produit via une centrale d'achat française, ils passent par une centrale d'achat européenne où la loi EGalim ne s'applique pas. Des procédures sont en cours pour étudier la légalité de toutes ces centrales d'achat européennes.