La "force de dissuasion" russe en alerte : Vladimir Poutine peut-il recourir à l'arme nucléaire ?

Publié le 27 février 2022 à 15h21, mis à jour le 27 février 2022 à 16h22

Source : JT 20h WE

Dimanche, Vladimir Poutine a annoncé mettre en alerte "la force de dissuasion" de l'armée russe, qui peut comprendre une composante nucléaire.
En annonçant l'invasion de l'Ukraine jeudi, il avait déjà brandi la menace nucléaire contre les Occidentaux.
D'autant que depuis plusieurs années, des armes de nouvelle génération sont développées dans le pays.

C'est une menace à laquelle le monde va devoir s'habituer à nouveau. Dimanche, au quatrième jour de l'invasion de l'Ukraine par Moscou, le président russe a annoncé mettre en alerte la "force de dissuasion" de l'armée russe, qui peut comprendre une composante nucléaire, justifiant cette décision par les "déclarations belliqueuses de l'Otan" envers la Russie.

Cette déclaration fait suite à une allocution de Vladimir Poutine jeudi annonçant l'invasion de l'Ukraine et dans laquelle il n'a pas hésité à brandir à mi-mots la menace nucléaire : "À ceux qui tenteraient d’interférer avec nous et plus encore de menacer notre pays, notre peuple, ils doivent savoir que la réponse de la Russie sera immédiate et conduira à des conséquences que vous n’avez encore jamais connues."

La menace nucléaire pour terroriser les démocraties

"Vladimir Poutine est le seul chef d'État doté de l'arme nucléaire qui assez régulièrement menace de l'employer si on fait obstacle à ses exigences, à sa volonté. Même à l'époque soviétique, les chefs de l'État successifs ne parlaient pas d'une menace nucléaire qui allait s'abattre sur l'ennemi, et pourtant, il y avait deux blocs", observe l'expert en stratégie militaire Pierre Servent, citant notamment l'invasion de la Russie en Crimée en 2014, durant laquelle Vladimir Poutine avait déjà fait état d'une possible utilisation de l'arme nucléaire. 

"Il appuie la puissance de ses matériels militaires classiques par une sorte de chapeau psychologique, qui est le chapeau psychologique nucléaire", explique Pierre Servent. Selon l'expert et colonel de réserve opérationnel. La menace nucléaire permet alors de terroriser les démocraties, qui ne sont plus habituées à de telles menaces. "Cela crée la terreur et c'est exactement ce que cherche Vladimir Poutine".

Des fusées nucléaires nouvelle génération

D'autant que depuis quelques années, le dirigeant russe a demandé à son industrie nucléaire de travailler sur des fusées nucléaires nouvelle génération. Afin de parer les radars capables d'identifier la course de ces fusées et de calculer à quel endroit de leur course elles peuvent être détruites, des drones nucléaires ont été développés. Dirigés depuis le sol par un pilote, leur course pourra être complètement désorganisée, rendant impossible son calcul et donc toute tentative de détournement. 

Selon le ministère de la Défense, les forces de dissuasion russes que Vladimir Poutine a décidé de mettre en alerte sont un ensemble d'unités dont le but est de décourager une attaque contre la Russie, "y compris en cas de guerre impliquant l'utilisation d'armes nucléaires". Ces forces sont équipées de missiles, de bombardiers stratégiques, de sous-marins et de navires de surface. Sur le plan défensif, elles comprennent un bouclier anti-missile, des systèmes de contrôle spatiaux, de défense antiaérienne et antisatellite.

Face à la menace nucléaire brandie par Vladimir Poutine, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a cependant rappelé que l'Otan était aussi une puissance nucléaire. En effet, parmi les membres de l'alliance transatlantique, la France, le Royaume-Uni et les États-Unis (un des deux seuls pays à avoir continué à développer des armes nucléaires) sont tous trois dotés de la puissance nucléaire. "Si Vladimir Poutine s'attaque à un pays membre de l'Otan, alors là, c'est l'apocalypse", prévient Pierre Servent.


Aurélie LOEK

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