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Le changement d'heure permet-il toujours de faire des économies d'énergie ?

Publié le 29 octobre 2022 à 10h30, mis à jour le 29 octobre 2022 à 12h01

Source : TF1 Info

Le changement d’heure en hiver, prévu dans la nuit de samedi à dimanche, était justifié à ses origines par les économies d'énergie qu'il pouvait engendrer.
Sur LCI, le commissaire européen Thierry Breton a affirmé que cette mesure restait utile.
Cet argument n'est plus aussi vrai qu'en 1976.

Les Français s'y sont habitués après tant d'années. Dans la nuit de samedi à dimanche, le passage à l'heure d'hiver leur offrira une heure de sommeil supplémentaire. La mesure, adoptée en 1976, n'avait pas pour objet de vous permettre de dormir plus longtemps, mais de réaliser des économies d'énergies.

À l'heure où la question de l'énergie revient sur le devant de la scène, l'utilité du changement d'heure est plus que jamais remise en cause. Dimanche dernier, sur LCI, le commissaire européen au marché intérieur, Thierry Breton, prenait pourtant sa défense. "Je rappelle que ç'a été fait pour économiser de l'énergie, et tout ce qui économise de l'énergie est bon", avait-il plaidé sur le plateau de LCI/RTL/Le Figaro. Pour le commissaire européen au marché intérieur, il est donc important de maintenir "ce petit effort" au moins le temps de la crise énergétique. Mais quel est réellement l'impact de cette mesure qui a plus de 40 ans ?

Un gain de plus en plus "marginal"

Pour rappel, initialement, ce changement d'heure a effectivement été mis en place pour faire face à l'envolée des prix de l'or noir qui avait suivi le choc pétrolier de 1973. Le but était très précisément de réaliser des économies d'énergie au moment où le pays se chauffait encore au fioul. Mais pour quel bilan désormais ? Cette question, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) se l'est posée en 2010, à peine deux ans après son instauration à l'échelle européenne. Et d'après les conclusions de l'agence, les choses sont claires. Ce modèle, désapprouvé par 84% des Européens, permet des économies en énergie et CO2 "réelles, mais modestes". "Il s'inscrit dans un ensemble de mesures permettant de limiter les consommations énergétiques et de lutter contre le réchauffement climatique", écrivait l'agence il y a plus d'une décennie. 

Sauf que pour l'Ademe, le principal intérêt du changement d'heure est lié à l'éclairage. Sans ce passage à l'heure d'hiver, les foyers devraient s'éclairer jusqu'à 10h tous les matins. On gagne donc une heure de lumière naturelle. Ce qui représente un gain de 440 GWh, d'après l'agence. L'équivalent de la consommation en éclairage d'environ 800.000 ménages, soit la ville de Marseille avec son agglomération et Aix-en-Provence. Pour donner un ordre d'idée, cela revient aux économies que prévoit de faire Enedis en décalant l'allumage automatique des ballons d'eau chaude cet hiver.

Or, avec des technologies d'éclairage de plus en plus performantes, ce poste de consommation est de moins en moins énergivore. Désormais, le changement d'heure ne permettrait plus qu'une économie de 351 GWh, soit 0,07% de la consommation totale. Même constat à l'échelle européenne. Dans des travaux sur la question, la Commission européenne a évalué que les gains de la mesure étaient "marginaux", puisqu'ils représentent une économie comprise entre 0,5 et 2,5% en fonction des pays concernés. 

En résumé, cette mesure continue à avoir un intérêt, même minime. Aux yeux de l'Ademe, la France devrait encore faire une économie de 340 GWH par an à l'horizon 2030.

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Felicia SIDERIS

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