Accueil

Agora Entretiens et débats
Bernard Accoyer : "Une idéologie aux méthodes sectaires a infiltré l'État pour avoir la peau du nucléaire"
"Ces choix politiques ont été volontaires afin de satisfaire aux exigences de l’écologie politique."
© Sameer Al-DOUMY / AFP

Article abonné

Bernard Accoyer : "Une idéologie aux méthodes sectaires a infiltré l'État pour avoir la peau du nucléaire"

Grand entretien

Propos recueillis par

Publié le

Je m'abonne pour 1€

Bernard Accoyer, ancien président de l'Assemblée nationale, est l'auteur de « Une affaire d'Etat - La tentative du sabordage du nucléaire français » (Hugo doc). La situation critique actuelle est liée, en partie, à l'impéritie de nos dirigeants qui a conduit au sabordage de notre filière nucléaire pour satisfaire aux exigences de l’écologie politique, explique-t-il.

Marianne : En quoi le sabordage du nucléaire français est-il une « affaire d’État », plus qu’une simple erreur politique ?

Bernard Accoyer : C’est, je crois, ce dont a été victime la filière nucléaire française. On a cherché à la saborder. En cessant depuis vingt ans de développer notre parc nucléaire perdant ainsi un précieux savoir-faire, puis depuis dix ans, en prévoyant la baisse massive de la part du nucléaire dans notre mix électrique et la fermeture de 24 puis 14 réacteurs à l’horizon 2025, puis 2035, et en ne donnant plus d’avenir à la filière.

Si les gouvernements en cause, consciemment ou non, ne sont pas parvenus à la saborder définitivement, ils l'ont gravement affaiblie, et avec elle tout le système électrique français. Un système qui pourtant nous a donné jusqu’au début de ce millénaire, une électricité fiable et bon marché, un atout de compétitivité.

Ces choix politiques ont été volontaires, et ont eu pour but de satisfaire aux exigences de l’écologie politique, portée par de grandes ONG multinationales. L’une de leurs priorités pour s’implanter et se financer est l’antinucléarisme, par le biais d’un activisme procédant efficacement par amalgame, instrumentalisation des peurs, propagation de fake news, disqualification par des allégations péremptoires visant les défenseurs de thèses qu’ils combattent. Ce sont là des méthodes sectaires, comme l’est l’attitude persistante de prioriser la lutte contre le nucléaire sur la lutte contre le réchauffement climatique, malgré son urgence.

A LIRE AUSSI : Hollande, Voynet, Macron... : les onze qui ont foutu en l'air le nucléaire

Les alliances avec l’écologie politique ont été conclues pour des objectifs électoraux de court terme et ont exigé des choix stratégiques au détriment de la pérennité, de la robustesse et de l’avenir de notre système électrique. Ces choix ont été faits en dépit des avertissements de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), de nombreux scientifiques, des praticiens du système électrique. Ces choix ont fait prévaloir une idéologie sur la science, des opinions sur des faits.

Votre abonnement nous engage

En vous abonnant, vous soutenez le projet de la rédaction de Marianne : un journalisme libre, ni partisan, ni pactisant, toujours engagé ; un journalisme à la fois critique et force de proposition.

Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne