La réforme des retraites entre en application ce 1er septembre. Dans un livre percutant, « La réforme des retraites expliquée… au gouvernement », publié ce 6 septembre chez Flammarion, l'historien et démographe Hervé Le Bras révèle les petites manœuvres politiques qui sous-tendent la loi et déplore l'absence d'éléments scientifiques tangibles. Explications.
Marianne : Dans votre ouvrage, vous insinuez que la réforme des retraites n’a pas d’autre objet que de rembourser le déficit de 30 milliards d’euros annuels de la retraite de la fonction publique, alors que le régime général est à l’équilibre. N’est-ce pas explosif de donner cette version des faits ?
Hervé Le Bras : Ce chiffre m’a été donné par un proche conseiller d’Emmanuel Macron lors du débat sur les retraites. En France, les fonctions publiques hospitalières et territoriales sont intégrées dans le régime général, mais pas la fonction publique d’État, notamment composée de la police, l’Éducation nationale et l’administration. Or, cette branche est nettement déficitaire. Le gouvernement verse chaque année 30 milliards d’euros pour combler ce découvert. À titre indicatif, pour le régime général, on compte 1,7 actif pour une personne à la retraite, ce qui est un équilibre. Pour celui de la fonction publique d’État, on a un actif pour un retraité, d'où le déficit. La menace d'un effondrement du système par répartition pour justifier cette réforme était donc mensongère.