Dans son essai « L'ère de l'affirmation » (Cerf), l'essayiste Max-Erwann Gastineau analyse les raisons de la perte d'influence de l'Occident – et particulièrement de l'Europe – et fait un certain nombre de suggestions pour ne plus se heurter aux mêmes écueils.
Marianne : Assiste-t-on aujourd’hui au déclin de l’Occident ? Celui-ci ne tient-il plus que grâce aux États-Unis ?
Max-Erwann Gastineau : L’Occident est passé d’une situation de domination sans partage, qui aura duré 400 ans, et dont l’hyper-puissance américaine des années 1990 aura représenté le point culminant, à une situation pour le moins ambivalente, menant des puissances nouvelles, des nations non occidentales ou dites "du Sud" à contester tout ce que nous sommes ou prétendons encore être : à la fois les gardiens de l’ordre international et de la morale, l’expression de modèles de stabilité et les titulaires de valeurs enviées, destinées tôt ou tard à révéler leur universalité.
Cette contestation a pris, à l’aune de la guerre en Ukraine, où les pays de l’Ouest sont apparus isolés, un tour géopolitique inédit, actant définitivement ce que la « désoccidentalisation du monde » désigne : la fin de l’hégémonie occidentale. Mais il faut ensuite, comme vous m’y invitez, affiner l’analyse. Le terme « Occident » est commode pour l’Europe. Car il lui permet de s’arrimer aux États-Unis, dont la puissance se relativise mais demeure bien réelle, comme le rappelle l’écart de PIB avec le Vieux continent, qui s’accroît d’année en année (+ 80 % désormais !).