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Régionales en Corse : Gilles Simeoni gagnant, les partis de gauche absents
Gilles Simeoni vainqueur des régionales en Corse.
AFP

Régionales en Corse : Gilles Simeoni gagnant, les partis de gauche absents

Second tour

Par Jean-Marc Raffaelli

Publié le

Le président sortant obtient la majorité absolue à l'Assemblée de Corse en passant la barre des 40 % des suffrages. Laurent Marcangeli, désormais son premier opposant, apporte un nouveau souffle à la droite insulaire.

Pour la première fois depuis quarante ans et la toute première Assemblée de Corse issue de la réforme institutionnelle Mitterrand-Defferre, aucun élu de gauche ne siégera pour cette nouvelle et longue mandature de six ans et neuf mois. Une situation tout à fait inédite depuis la chute, en 2015, du député radical Paul Giacobbi et de sa majorité. Pas un seul élu du PS, pas un seul élu communiste, pas un seul représentant de la branche sociale de LREM.

L'originalité de la représentation démocratique corse est poussée à son paroxysme avec l'absence, tout à fait atypique dans le paysage politique national, du Rassemblement national, des Verts et des Insoumis. C'est bien simple, l'hémicycle territorial version 2021 est dans une configuration qu'elle n'a jamais connue, celle de la bipolarité avec, d'un côté, des nationalistes divisés mais triomphants et, de l'autre côté, une droite corse défaite mais plutôt rassérénée derrière Laurent Marcangeli.

Majorité absolue pour le président sortant

Gilles Simeoni a remporté haut la main sa course en solitaire, poussé par les vents favorables d'un électorat qui a décidé de lui renouveler pleinement sa confiance. Et ce, malgré le choix assumé de la division au sein de sa propre famille politique, six ans après avoir conduit à la victoire une liste de coalition avec les indépendantistes de Corsica Libera de Jean-Guy Talamoni. En mobilisant sur son nom 40,6 % des suffrages (estimation Ispos à 22 heures), le président sortant du Conseil exécutif de Corse explose tous les compteurs. La prime majoritaire de 11 sièges (sur un total de 63) lui confère ce qu'il espérait en secret : la majorité absolue avec 32 sièges.

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Une position qui l'exonère d'une négociation fratricide avec Jean-Christophe Angelini, son compagnon de route devenu son plus grand rival au sein du mouvement autonomiste Femu a Corsica. Avec à peine de plus de 15 % des voix (8 sièges), ce dernier n'a pas obtenu le score escompté malgré l'ouverture de sa liste à quatre candidats de Corsica Libera dont un seul est élu. Il paye au prix fort le refus de frayer une place au leader indépendantiste Jean-Guy Talamoni. C'est un autre indépendantiste, Paul-Félix Benedetti (Core in Fronte), qui tire les marrons du feu. Avec plus de 12 % des suffrages (6 sièges), il réussit une percée spectaculaire mais devrait rester à distance respectable de Simeoni vis-à-vis duquel il a toujours été très critique.

La droite, unique force d'opposition

La victoire, nette et sans bavure, des nationalistes corses rangés derrière Gilles Simeoni ne doit pas occulter le résultat de celui qui peut s'afficher désormais comme son principal opposant, Laurent Marcangeli. En se hissant sur la deuxième marche du podium avec plus de 32 % des suffrages et l'obtention de 17 sièges, le maire d'Ajaccio a certes perdu l'élection, notamment en raison d'une faible implantation en Haute-Corse, mais il réalise le meilleur score de la droite depuis l'élection de 2004. Le maire d'Ajaccio, qui a pris l'engagement d'incarner « une opposition constructive mais exigeante » prend date pour l'avenir.

Au-delà du niveau record de participation sur le plan national (58,2 % soit 2 points de plus que dimanche dernier), le scrutin corse sera regardé à la loupe par le gouvernement et le chef de l'État. Au final, plus de deux électeurs corses sur trois ont voté pour une des trois listes nationalistes, autonomistes et indépendantistes confondus. À méditer pour Emmanuel Macron.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne