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Comment les influenceurs sont utilisés pour réhabiliter les dictatures
L’influenceur « Jerry Goode », 40 000 abonnés sur Youtube.
Capture d'écran de la chaîne YouTube de Jerry Goode.

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Comment les influenceurs sont utilisés pour réhabiliter les dictatures

Enquête

Par Nicolas Quénel

Publié le

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De la Syrie à la Chine, les régimes autoritaires et dictatoriaux ont de plus en plus recours à des influenceurs occidentaux pour réhabiliter leur image. Plus faciles à manipuler que les journalistes et avides de contenus, les influenceurs n’hésitent pas à jouer la partition de régimes accusés de crimes contre l’humanité pour quelques clics.

Il y a quatre mois, le Youtuber anglais « Backpacker Ben », spécialisé dans les voyages, publiait une série de vidéos sur la Syrie. Dans l'une d'elles, il part visiter la ville de Saidnaya, située à 30 kilomètres au Nord de Damas. Il présente le monastère de la ville, fait admirer à ses spectateurs le panorama, puis achève sa présentation de la ville en indiquant qu'elle est composée à 90 % de chrétiens et 10 % de musulmans. Ce dont ses spectateurs n’entendront pas parler, c’est des milliers de personnes torturées et exécutées dans la prison de la ville par le régime de Damas.

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En réalité, ce n’est pas le seul « oubli » du Youtubeur aux 159 000 abonnés. Dans la série de quatre vidéos qu’il a publiée sur son expédition avec ses quatre compères, pas une fois ne seront mentionnées les atrocités du régime de Damas ou même le nom de Bachar el-Assad. Au contraire, « Ben le backpacker » se contente d'évoquer la gentillesse des Syriens, de vanter le patrimoine architectural ou culinaire du pays et martèle comme un mantra que les endroits qu’il visite sont « parfaitement sûrs », contrairement à ce qu’en disent les médias ou le « gouvernement britannique ».

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne