À quoi ressemble la vie d'un élève de troisième dans un établissement de Seine-Saint-Denis où les profs sont contractuels et les fenêtres en carton, et à qui l'on dit qu'il est un danger pour la République tandis que les perspectives semblent se réduire ? Notre chroniqueur, l'écrivain Jérôme Leroy, jette un regard clinique sur une réalité qui n'est hélas que trop bien connue.
J'ai rêvé que je m'appelais Malik O., que j'avais quatorze ans, que j'étais en troisième dans un collège de Seine-Saint-Denis. Le collège était en grève, comme plein d’autres établissements du 9-3 depuis des mois, mais ça n’avait pas l’air d’émouvoir grand monde. Quand on parlait de l’école, on disait surtout que c’était des zones de non-droit hyperviolentes, mais on ne parlait jamais des cours dans des locaux avec des cartons en guise de fenêtre.