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Assassinat de Samuel Paty : la mise en examen de l’islamiste Abdelhakim Sefrioui confirmée
Le militant islamiste Abdelhakim Sefrioui est bien connu des services de renseignement français.
MIGUEL MEDINA / AFP

Assassinat de Samuel Paty : la mise en examen de l’islamiste Abdelhakim Sefrioui confirmée

Terrorisme

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La cour d'appel de Paris a confirmé ce lundi 28 juin la mise en examen du militant islamiste Abdelhakim Sefrioui pour « complicité d'assassinat » du professeur Samuel Paty en octobre 2020. Sa défense entend former un pourvoi en cassation contre cette décision.

La cour d'appel a douché les espoirs d’Abdelhakim Sefrioui, 62 ans, qui demandait à la chambre de l'instruction la nullité de sa garde à vue mais surtout de sa mise en examen en octobre pour « complicité d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste », une qualification lourde.

Samuel Paty, un professeur d'histoire-géographie de 47 ans, avait été décapité le 16 octobre près de son collège de Conflans-Sainte-Honorine, dans les Yvelines, par Abdoullakh Anzorov, un réfugié d'origine tchétchène abattu peu après par les policiers, et qui lui reprochait d'avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves.

Abdelhakim Sefrioui est accusé d'avoir, avec le parent d'élève Brahim Chnina, qu'il a contacté, « ciblé » Samuel Paty avant l'assassinat via une vidéo et ainsi d'avoir « facilité la définition d'un projet criminel » par Abdoullakh Anzorov.

Militant bien connu des renseignements

Marianne avait dressé le portrait de ce militant islamiste, « une figure bien connue des services de renseignement français ». Dans la vidéo qu’il a publiée une semaine avant le meurtre de Samuel Paty, Abdelhakim Sefrioui qualifie le professeur de « voyou » et invite d'autres parents à se mobiliser pour obtenir son exclusion. Des éléments qui permettent à la justice de l’accuser d’avoir « nommément désigné » Samuel Paty « comme une cible sur les réseaux sociaux ».

Mais pour son avocate, maître Élise Arfi, cette vidéo « ne contient aucun appel au meurtre de Samuel Paty ni aucun appel à commettre à son encontre un acte violent ». Maître Arfi avait plaidé lors d'une audience le 31 mai qu' « aucun lien n'avait jamais été établi » entre son client et le terroriste : « il ne le connaissait pas. »

C'est « une question de droit fondamentale : comment peut-on être complice d'un agent qu'on ne connaît pas, qu'on n'a jamais vu, avec qui on n'a jamais communiqué ? », avait souligné l'avocate. Elle relevait dans sa requête qu'il n'y avait pas de preuve, à ce stade des investigations, qu'Abdoullakh Anzorov avait vu la vidéo d’Abdelhakim Sefrioui.

Nouvelle mise en examen

Le parquet général de la cour d'appel s'opposait à cette demande en nullité car « cette vidéo avait incontestablement pour finalité de provoquer à l'encontre de M. Paty des réactions autres que de simples manifestations ou des sanctions administratives ». Le ministère public en veut pour preuve qu’Abdelhakim Sefrioui a concédé devant les enquêteurs qu' « il y avait bien un danger latent » avec la vidéo.

Dans ce dossier, quinze personnes sont mises en examen, parmi lesquelles six collégiens. La dernière, une femme de 33 ans interpellée le 22 juin à Nîmes, l'a été le 25 juin pour « association de malfaiteurs terroriste ». Elle aurait été dans les jours qui ont précédé l'attaque en contact avec Abdoullakh Anzorov.

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