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Economie Consommation
"Déconsommation" : quand la précarité pousse à renoncer à la viande, aux légumes et produits frais
Si, cet été, le temps des vacances, l’inflation a pu passer sous les radars, elle fait désormais figure de boussole : + 7,9 % sur un an pour les produits de grande consommation vendus en supermarchés selon le panéliste IRI.
SICCOLI PATRICK/SIPA

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"Déconsommation" : quand la précarité pousse à renoncer à la viande, aux légumes et produits frais

Disette

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Hier, les consommateurs traquaient les promos et les articles premier prix. Aujourd’hui, ils finissent tout simplement par renoncer à acheter certains produits. Ultime signe de précarité.

Elle a le coup d’œil. Sa liste de courses à la main, une mère de famille à la mine grave saisit avec l’agilité d’un lynx le dernier steak haché en promo ce jour-là : 2 € au lieu de 3,80 €, à consommer le jour même. « Il faut venir tôt pour trouver des viandes démarquées, ça part vite. Après 10 heures, en général, on n’en trouve plus », dit-elle dans un souffle, avant de filer avec deux enfants à ses trousses.

Un peu plus loin, au rayon des surgelés de cet hypermarché francilien, un quinquagénaire à la tignasse jaune en bataille hésite : « D’habitude, je prends la marque distributeur, mais, là, le premier prix affiche 30 centimes de moins, c’est toujours ça ! », dit-il en déposant dans son chariot un sachet de choux-fleurs en fleurettes à 1,05 € le kilo. Dans la foule qui s’agglutine autour des caisses, une vieille dame s’avance péniblement. Dans son cabas, ses courses du quotidien, mais, aujourd’hui, pas de fruits : « Les prix ont tellement augmenté. Rendez-vous compte, les reines-claudes sont à presque 7 € le kilo ! Quant aux pêches et aux abricots, ils coûtent près de 4 € ! Tant pis, je m’en passerai. »

Recul des ventes

S’en passer… La voilà, la rupture – en cette rentrée marquée par la valse des étiquettes –, tapie dans cette petite phrase. Les ménages qui peinent à boucler leurs fins de mois se voient désormais contraints de ­renoncer, de rejoindre les caisses un peu plus vite que d’habitude sans passer par les allées les plus chères ou « superflues » du supermarché. Et l’alimentation n’est pas le dernier des postes sacrifiés. « En général, c’est la variable d’ajustement qu’on active dès le milieu du mois » décrypte Pascale Hebel, directrice associée de la société de conseil C-Ways.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne