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Politique Macron
Les électeurs ont refusé de confier à Emmanuel Macron toutes les manettes du pouvoir. Depuis, il semble courir après ce qu’il a perdu pendant ces étranges semaines de printemps.
Les électeurs ont refusé de confier à Emmanuel Macron toutes les manettes du pouvoir. Depuis, il semble courir après ce qu’il a perdu pendant ces étranges semaines de printemps.
Jacques Witt / Sipa

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Au début du second quinquennat, un mystérieux coup de mou d'Emmanuel Macron

Grand flottement

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Un mois pour nommer un gouvernement, un mercato chaotique à l’Élysée, une actualité dominée par l’affaire Abad ou le fiasco du Stade de France… Dans les semaines qui ont suivi sa réélection, Emmanuel Macron a donné à ses propres troupes l’impression d’une étrange absence. En paie-t-il le prix aujourd’hui ? Récit.

« Il faut tout changer, y compris nous-mêmes ! » À l’Élysée, le soir du 19 juin, dans une réunion de crise qui ne dit pas son nom, Gérald Darmanin tente d’endiguer la sidération. Le second tour des législatives vient de rendre son verdict, et si le ministre de l’Intérieur l’a emporté sans souci dans son fief de Tourcoing, la liste de figures macronistes désavouées dans les urnes s’est allongée toute la soirée : Richard Ferrand, Christophe Castaner, les ministres Amélie de Montchalin et Brigitte Bourguignon… La Macronie essuie un véritable Trafalgar, et les embarcations qui coulent ne sont pas les plus frêles. Contre toute attente, même avec les alliés François Bayrou et Édouard Philippe, Emmanuel Macron n’aura pas la majorité absolue. Une première depuis l’instauration du quinquennat.

Si Darmanin préconise à l’assistance abattue de se remuer, c’est parce qu’il a mal vécu, comme nombre de ses collègues, cette étrange période qui vient de s’écouler. Depuis sa réélection, Emmanuel Macron a l’air perdu. Ministres en sursis et candidats aux législatives ont attendu, longtemps, la nomination d’un gouvernement, et surtout une impulsion pour démarrer ce nouveau mandat. Or rien ou presque n’est venu. Ce n’est pas la fuite du général de Gaulle à Baden-Baden, mais, à certains égards, le président semble avoir disparu. Des semaines de flottement qui ont pesé lourd. Aujourd’hui, les langues se délient en Macronie. « Je garde un souvenir horrible de cette période, balance un conseiller ministériel. Ce coup de mou, c’est là où tout a basculé. C’est ce qui fait qu’on est dans la merde aujourd’hui. » Le gouvernement se retrouve à la merci des oppositions, obligé de négocier ses textes point par point, quand il ne doit pas dégainer le 49-3 pour passer en force.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne