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Les incertitudes perdurent concernant Omicron. Mais ce variant présente un risque très élevé au niveau mondial, affirme déjà l'OMS.
Les incertitudes perdurent concernant Omicron. Mais ce variant présente un risque très élevé au niveau mondial, affirme déjà l'OMS.
Anadolu Agency via AFP

Propagation, détection, efficacité des vaccins : pourquoi le variant Omicron inquiète ?

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Détecté en Afrique du Sud, le variant Omicron tend à se propager rapidement. Si ses effets éventuels sur la pandémie sont toujours en cours d’évaluation, il a d’ores et déjà été classé parmi les variants sous surveillance par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Face à la propagation rapide d'Omicron, de nombreux pays ont décidé de fermer leurs frontières aux voyageurs étrangers en provenance d'États d'Afrique australe, à commencer par les États-Unis. Mais que sait-on exactement de ce variant du coronavirus ?

Présent dans une dizaine de pays, Omicron a été signalé à l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) par l'Afrique du Sud le 24 novembre dernier. Au total, 110 cas positifs y ont été enregistrés. Mais ce chiffre pourrait se révéler beaucoup plus important, puisque « le nombre de cas dus à ce variant semble augmenter dans presque toutes les provinces d'Afrique du Sud », note l’OMS.

L’Europe n’est pas épargnée non plus. On dénombre actuellement 13 cas aux Pays-Bas, 3 au Royaume-Uni. En France, huit personnes sont considérées comme potentiellement porteuses du variant Omicron, après avoir effectué un voyage en Afrique australe au cours des deux dernières semaines, a affirmé le ministère de la Santé dimanche. Ces Français ont été testés positifs avec un criblage négatif pour les principaux variants actuels.

Dangereux mais détectable

Un test PCR permet facilement de repérer ce variant, que l'OMS a classé parmi les variants sous surveillance vendredi dernier. Même si les recherches sur ses possibles effets sont toujours en cours et que les incertitudes perdurent quant à sa dangerosité, il présente « un risque très élevé » au niveau mondial, ajoute l’organisation ce lundi. Pour le moment, aucun mort imputable à ce variant n’est à déplorer.

Ce qui pourrait rendre Omicron particulièrement agressif est la présence de 32 mutations sur la protéine Spike. Cette dernière permet au Covid-19 de pénétrer dans les cellules humaines, via le récepteur ACE2, une protéine que l’on retrouve à la surface des cellules des muqueuses respiratoires. Or, comme l’a récemment expliqué le virologue et chercheur au CNRS Étienne Decroly à l’Express, « les variants précédents avaient moins de 10 mutations dans cette protéine » Spike. Pour ce médecin, la vitesse de propagation d’Omicron laisse supposer qu’il pourrait même supplanter le variant Delta , actuellement majoritaire dans le monde.

Les vaccins seront-ils efficaces ?

C’est également sur cette protéine que les vaccins agissent, en provoquant une réaction immunitaire et la production d’anticorps. Se pose alors la question de l’efficacité des vaccins contre ce variant. Toujours selon la revue Nature, il existerait des rapports de réinfections et de cas chez des individus vaccinés, qui restent très anecdotiques. « À ce stade, il est trop tôt pour dire quoi que ce soit » assure Penny Moore, virologue à l'Université de Witwatersrand à Johannesburg. Citée par la revue Science Jesse Bloom, biologiste de l'évolution au Fred Hutchinson Cancer Research Center, à Seattle, a plutôt tendance à penser que l'organisme des personnes vaccinées sera encore à même de lutter contre Omicron. Pour autant, il n'est pas exclu qu'une « baisse de la neutralisation soit plus importante que pour tous les autres variants majeurs ».

Le laboratoire allemand BioNTech, allié à Pfizer, a annoncé lundi 29 novembre avoir lancé des études afin de déterminer si Omicron pouvait résister à son vaccin existant. Les résultats ne devraient être connus que dans une ou deux semaines. En parallèle, les équipes du laboratoire ont également commencé à concevoir un sérum de rappel spécifique contre le variant. Leur but est qu'il soit prêt d'ici une centaine de jours.

Stéphane Bancel, le patron de Moderna, qui fournit une autre solution de vaccination, se montre pour sa part pragmatique. « On considère que le variant Omicron est un vrai problème. Il est possible que les vaccins soient bien moins efficaces. » Son laboratoire travaille donc depuis le 24 novembre à la conception d’un « candidat vaccin pour une dose de rappel spécifique au variant Omicron ».

Le professeur Andrew Pollard, directeur de l’Oxford Vaccine Group qui a dirigé les recherches sur le vaccin AstraZeneca contre le Covid-19, juge qu’un nouveau sérum pourrait être développé « très rapidement » contre Omicron car « les processus de mise au point d’un nouveau vaccin sont de mieux en mieux huilés ». Dans un communiqué, AstraZeneca a rappelé avoir créé, en collaboration avec l’Université d’Oxford, une plateforme vaccinale pour répondre de manière optimale à l’apparition de variants.

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